• Les couleurs du Yoga

    Photo Yoga pour Tous

      Couleurs Yoga

    Avant de parler de quelque chose, quelle qu'elle soit, il faut d'abord se demander si l'on connaît le sujet. Si l'on ne le maîtrise pas, à quoi bon émettre ses opinions... Cela ne fait pas de sens. Mon premier article (Où l’on discute des problèmes liés au Yoga) l'a démontré qui a soulevé des remarques mal avisées à propos du Yoga, montrant que ceux qui les ont dites non seulement n'y connaissent pas grand-chose mais sont aussi victimes des a priori et des conventions qu'on nous impose.

    Aujourd'hui, je vous propose quelques textes dans le but de vous présenter un peu plus ce Yoga, ces Yogas, et vous permettre de vous y retrouver dans les différentes variétés et appellations dont certaines ont fleuri ces dernières décennies.

     

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    Comment se passe un cours de Yoga ?

    De manière générale un cours de yoga est articulé autour d'une posture corporelle principale.


    Le sas d'entrée
    Pour passer du monde extérieur, de son rythme et de ses préoccupations à son espace intérieur.
    Moment d'attention à la qualité du souffle et à ses sensations.
    La préparation générale du corps
    Enchaînements codifiés dont le but est de préparer l'ensemble du corps à effectuer les postures prévues.
    Les préparations spécifiques
    Postures intermédiaires qui vont agir sur le corps segment par segment pour qu'il puisse prendre la posture principale en étant le mieux préparé.
    La posture principale
    Pivot de la séance elle est proposée et tenue un temps suffisant afin d'en ressentir les effets.
    Les complémentarités
    Postures dites complémentaires pour rééquilibrer le corps et harmoniser ses énergies, elles préparent le temps suivant de l'observation.
    Le témoin intérieur
    Posture de relaxation dans laquelle le corps physique n'est plus sollicité et qui permet de se centrer exclusivement sur l'observation des effets de la pratique sur soi-même.

     

    Le yoga est d'abord un outil pour calmer le mental [1]

    [1] Extrait : ‘Qui sont les véritables Maîtres en Yoga ?’ par Swami Sai Shivananda Ph. D., Président de la Fédération Francophone de Yoga (www.federationyoga.qc.ca), Membre du Conseil Mondial du Yoga, Param Yogacharya

    Nous le rappelons souvent : « Yoga chitta vritti nirodah »...

     Swami Sai Shivananda

     

    Une fois le mental plus calme, le contact avec l'esprit devient possible. La pensée étant plus claire, le yogi devient plus intelligent (inteliger : faire des liens). Les aspects corporels du Yoga sont présents seulement pour que le yogi puisse vivre en bonne santé et longtemps afin de cheminer vers l'éveil. Un professeur de yoga n'est pas un professeur de gymnastique ou un 'coach' corporel, c'est un guide en mieux-être qui amène ses élèves à s'accomplir globalement et à réaliser le contact avec l'esprit en eux. Dé-spiritualiser le yoga est non seulement une erreur mais une aberration, les fondements du yoga sont la réalisation de soi.

    De plus, le yoga s'adresse à tous les individus sans distinction et doit être accessible à tous [...] 90 % des personnes qui suivent des cours de yoga ne sont absolument pas faits pour des postures avancées ou des séances style cardio-vasculaire, en revanche tout le monde peut faire du yoga si celui-ci est enseigné correctement.

    Le 'Hatha-yoga Pradhipika' ne présente du reste que les postures et prânayâma de base qui constituent un ensemble parfait pour maintenir l'individu en bonne santé et établir un équilibre émotionnel et mental.
    Le yoga acrobatique existe et possède une nomenclature définie à la Fédération internationale, cependant les capacités physiques d'un professeur de yoga n'en font nullement un maître un yoga mais un athlète, ce n'est pas la même chose.
    La célébrité et la performance physique ne sont nullement des critères de maître en yoga.

     

    Présentations

    « Notre but est de manifester le Divin qui est en nous, en maîtrisant la nature extérieure et intérieure. Parvenons-y par le travail, par l’adoration, par la maîtrise de l’esprit ou par la philosophie, par l’une ou plusieurs de ces voies ou par toutes, et soyons libres » [2]

     

    Hatha-yoga Pradipika [3]
     

    La Haṭha-yoga Pradīpikā ou Haṭhayogapradīpikā est un texte classique en sanskrit, écrit par swāmī Svātmārāma, un disciple du Siddha Gorakshanath. Ce texte qui comprend 5648 mots [4] semble être la copie restante la plus ancienne sur le Haṭha Yoga, il fait partie des trois textes classiques du Haṭha-yoga (les deux autres étant la Gheraṇa saṃhitā et la Śiva saṃhitā).

    La Centurie de Goraksha (Goraksha-shataka) constitue un quatrième texte.
    Ce traité écrit au XVe siècle comporte 389 śloka (strophes) divisés en quatre upadeśa (leçons ou chapitres) [5].
    Il est fondé sur des textes plus anciens en sanskrit et sur les expériences yogiques personnelles de svāmī Svātmārāma.
    Il inclut des informations sur les principaux āsana (postures), le Prāṇayāma (discipline respiratoire), les çakra (centres d'énergie spirituelle dans le corps subtil), la kuṇalinī (énergie représentée par un serpent lové à la base du corps subtil), les bandha (contractions musculaires), les kriyā (techniques yogiques), la śakti (pouvoir divin), les nādī (vaisseaux dans le corps subtil) et les mudrā (sceaux du yoga), entre autres sujets.


    Ces quatre chapitres ou leçons sont

    1. prathamopadeśaḥ : premier chapitre (relatif à la pratique des āsana ou postures) ;
    2. dvitīyopadeśaḥ : deuxième chapitre (relatif au prāṇāyāma ou contrôle du souffle) ;
    3. tṛtīyopadeśaḥ : troisième chapitre (relatif aux mudrā) ;
    4. caturthopadeśaḥ : quatrième chapitre (relatif au samādhi)

    [2] Swâmi Vivekananda : Râja-yoga. Traduction de Jean Herbert.
    [3] Wikipedia® le 24 juillet 2013
    [4] Digital Corpus of Sanskrit (Section « Texts » : Haṭhayogapradīpikā)
    [5] Haṭha-Yoga : its context, theory, and practice. Mikel Burley. Éd. Motilal Banarsidass Publ., 2000 (ISBN 97881-208-1706-7)


    Bibliographie


    - Hatha-yoga-pradîpikâ, un traité sanskrit de Hatha-yoga de Svâmi Svâtmârâma, avec le commentaire Jyotsnâ de Brâhmânanda, introduction, traduction et commentaires, par Tara Michaël (préface de Jean Filliozat) Fayard, Paris 1974.

    Hatha-Yoga-Pradîpikâ (Natha-yoga.com) [archive]

    Hatha-Yoga-Pradîpikâ (Tantra.fr) [archive]

     

    Yoga chinois,
    casse-tête chinois

     

       


    Le "Yoga chinois" alias "Qi-Gong" [6]

    [6] Le tout premier article sur le sujet publié par Georges Charles en 1977. Revue Mensuelle Karatekas.

    www.tao-yin.com/archives/Yoga_chinois.htm

    [...] À l’époque [années 1970], il était question de "Yoga Chinois" ou de "Gymnastique Chinoise Traditionnelle" sinon, plus rarement de "Gymnastique Taoïste"Pas question de "Qi-gong" ou de "Chi Kung" puisque ce terme "américano-chinois" (comme Chop Suei, Chow Mein, Bruce Lee, Gongfu) n'avait pas encore été importé des USA où il devint à la mode dans le début des années 80 avant d'être récupéré et repris par les Chinois eux-mêmes avant de nous le refiler entre des paires de chaussons et des boîtes de litchis [7].

    [7] Il est bon de savoir que le premier institut "officiel" de "Qi-gong" fut créé à Pékin en 1981, cette pratique ayant plus ou moins été interdite auparavant comme "superstition douteuse et relent du passé" et n'était surtout pas destinée à l'exportation !

    Les seules références occidentales demeuraient alors "Le taoïsme et les religions chinoises par Henri Maspero" chez NRF Gallimard (4e T 1971) qui présentait "La gymnastique Daoyin" et les "méthode de gymnastique de Chisongzi Daoyin Fa" et "méthode de gymnastique de Pengzu Daoyin Fa" proches du "Cong-fou des Bonzes de Tao-ssè" du Père Amiot et "Pour comprendre le Yoga - synthèse orient-occident et analyse du Kong-Fou" de A. et M. de Sambucy et J.J. Laubry aux Éd. Dangles (2e T 1973). De fait, Maspero fut donc le premier à utiliser le terme classique de Daoyin -Tao Yin ou Tao In - qui donna Do In en japonais !- et qui valait bien le terme bidouille de "Qi-gong".

    Voir La Voie Dō (Lao-Tseu Ve-IVe s. av JC)

    Un contact avec De Sambucy qui incite Georges Charles à créer un cours de "Gymnastique Chinoise Traditionnelle" en 1976. Le Docteur de Sambucy avait été le professeur de Franck et Tania Gilly lors de leurs études de kinésithérapeutes. Ils pratiquaient la "Boxe Chinoise" au JJCE d'Enghien sous la direction de Georges Charles et présentèrent ce dernier à Sambucy. Ayant appris lors de cette rencontre que Georges Charles enseignait le "Yoga Chinois" dans le cadre des préparations à la "Boxe Chinoise", il l'incita tout simplement à créer un cours spécifique de cette pratique. Ce qui fut fait en 1976 sous la dénomination de "Gymnastique Chinoise Traditionnelle" [...]. Ce premier cours permit à Georges Charles de rapidement nouer des contacts avec des acupuncteurs (André et Gabriel Faubert...) ainsi qu'avec les premiers ostéopathes qui implantaient cette thérapie en France et qui vinrent suivre ses cours.
    D’autre part, quelques Enseignants d'Arts Martiaux y découvrirent une autre façon de travailler. Ce fut le cas de Dominique Balta, l'un des plus anciens enseignants formé par le Maître Masamichi Noro qui enseignait encore l'Aïkido, de Christian Bernapel l'un des plus anciens enseignants formé par Roland Habersetzer et qui enseignait encore le Karatedo. Et également de Pierre Portocarrero, un ami de près de trente ans. Également un Karatéka qui allait faire du chemin. Et pas mal d'autres encore. La "Gymnastique Chinoise" se fit donc connaître dans le milieu "martial".

    "Toute modestie mise à part si j'avais été enseignant de danse au lieu d'être enseignant de "Boxe Chinoise", le "Qi-gong" serait actuellement affilié à la danse"

    G. Charles

    Probablement que le Taï-ki K'iuan (Taijiquan) aurait suivi le même chemin...
    Ce fut donc, avant la lettre, l'un des tous premiers cours de "Qi-gong" en France : mais, répétons-le, ce terme n'existait pas encore ! Et eux qui prétendent (New Génération Tao, oct. 2004) que le "Qi-gong" s'est structuré au milieu des années 80 ont un métro de retard puisqu'il existait, sous une autre appellation, en France, depuis plus de 10 ans !

    Un OVNI dans le paysage "martial"

    ... et qu'il s'était déjà structuré au sein de la FFRZ -Fédération Française de Ritsu Zen [8]- en regroupant déjà plusieurs enseignants de "Gymnastique chinoise" et de "Tai Chi Chuan", dès 1977, et où Georges Charles fut Directeur Technique et enseignant du 3e Degré en 1979 (le 1er degré correspondant déjà à une homologation de 4e Dan).
    Eh oui, il existait déjà une Fédération de Ritsu Zen en 1977, donc une pratique du Zazen et du Ritsu Zen. Donc du Zhou Chan et du Zhan Chan - alias la fameuse "Posture de l'Arbre", que certains prétendent avoir récemment importés ou à être les seuls à disposer désormais d'une exclusivité probablement intergalactique [9]...
    Le Ritsu Zen (Zhan Chan en chinois), fut donc structuré en France bien avant le Yiquan, le Dachengquan ou le Taijiquan (Tai Chi Chuan) [10] et Georges Charles y était déjà et encore pour quelque chose !

    [8] Le Ritsu Zen c'est, étymologiquement, le Zen "debout" en opposition et en complément du Za Zen qui est le Zen "assis". À l'instar du "Zen dans l'Art chevaleresque du tir à l'arc" de Eugen Herrigel il représente donc la partie la plus active de la méditation.

    [9] À quel titre ? Le seul document disponible étant généralement, dans ce cas, un billet d'avion pour un séjour de moins de trois semaines...

    [10] En parlant de Taijiquan (Tai Chi Chuan) il est à noter que Catherine Despeux venait tout juste de publier sa thèse "Tai-ki k'iuan, technique de longue vie, technique de combat", confidentiellement (Collection de Mémoires de l'Institut des Hautes Etudes Chinoises -10 décembre 1975), thèse qui sera rééditée avec grand succès en 1981 chez Guy Trédaniel

     

    Le Yoga Chinois, un peu d’histoire [10]

    [10] Sakura > L'Art du Mouvement, Taï Chi, Qi Gong, Yoga chinois

    Apparu 2 500 ans avant JC, le Yoga chinois, issu de l’observation attentive des lois de la nature est communément appelé « gymnastique de longévité, de santé ». On en trouve les premiers écrits dans le premier traité médical d’acupuncture, daté du Ve siècle avant JC. Cet héritage taoïste d’Art corporel, connu aujourd’hui sous diverses appellations, offre une méthode originale de jonction entre le corps et l’esprit, source d’équilibre, de santé et d’harmonie.
    Le Qi-gong et le Taijiquan sont aussi appelés « Yoga chinois » ou « Yoga taoïste ».
    Malgré plusieurs ressemblances, ils se distinguent cependant du Yoga indien. Il n’y a pas d’appellation contrôlée. Il existe un grand nombre d’approches, de styles, d’écoles et de professeurs. Chacun d’entre eux a ses objectifs particuliers, ses propres méthodes, ses techniques spécifiques et sa propre façon d’enseigner et de nommer ce qu’il enseigne.

     

    Le Taï chi ‘Yoga chinois’ et le Yoga indien [11]

    [11] École Gilles Thibault (dangeryoga.blogspot.fr/2010/02/tai-chi-taijiquan-qigong-kung-fu-yoga.html) Danger Yoga dans les écoles : Taï chi ? Taïjiquan ? Qigong ? Kung-fu ? Yoga chinois ? Dao-yin ?

    Le Taïjiquan (Tai-Chi) est quelquefois appelé le Yoga chinois à cause des nombreuses ressemblances entre les deux, issues de deux traditions différentes. Le Taïjiquan, qui vient de Chine, comporte cependant plusieurs différences avec le Yoga, qui vient de l’Inde. Notez que les écoles de Yoga n’enseignent pas toutes les mêmes techniques. Il en est de même pour les écoles de Taïjiquan. Voyons quelques ressemblances. Toutes les écoles de Yoga et de Taïjiquan enseignent la posture. Certaines écoles de Yoga et de Taïjiquan se limitent à la posture, d’autres écoles de Yoga et de Taïjiquan enseignent aussi la détente et la respiration. De très rares écoles enseignent l’énergie vitale –la kundalini dans le Yoga et le Qi dans le Taïjiquan- ainsi que les liens qui unissent la détente, la respiration, l’énergie vitale et la posture. Au sujet des différences, la plus grande se trouve dans le traitement de la posture. Dans le Yoga, la posture est principalement statique et moins souvent dynamique, alors que dans le Taïjiquan, c’est le contraire, le mouvement domine. Il y a beaucoup d’autres ressemblances et différences. Tout cela serait très long et bien inutile à décrire ici.
    Quoi choisir entre le Yoga et le Taïjiquan ? Je suggère d’abord de déterminer le degré de mouvement avec lequel vous êtes plus à l’aise. Si vous préférez plus de mouvements, cela pourrait vous diriger vers le Taïjiquan. Déterminez ensuite le degré de sophistication qui vous convient. Choisissez ensuite une école qui enseigne uniquement la posture ou une école qui enseigne aussi la détente et la respiration ou encore une école qui enseigne en plus le Qi (ou la Kundalini). Bonne recherche !

     

    Voir Animaux martiaux (Kalaripayatt, Kung-fu...)

     

    Le Kung-fu –Changquan [12]

    [12] L'art du Taïjiquan (Tai Chi), Qigong et Kung-fu : un art à cinq pétales (pages.infinit.net/tjq/Taijiquan.htm)

    Le Kung-fu, qu’il est plus juste d’appeler kung-fu wushu, est souvent classé comme un art martial, ce qu’il n’est pas dans la tradition classique où kung-fu wushu signifie : exploration de sa véritable nature dans l’art capable d’arrêter la guerre et la violence. Selon la légende, le kung-fu aurait été créé il y a 1 500 ans par le moine indien Bodhidharma en visite au temple du Shaolin en Chine. Il était le 28e successeur du Bouddha historique Shâkyamuni et premier patriarche du tchanzen au Japon.
    Le kung-fu classique est appelé Changquan. C’est un des plus vieux kung-fu et l’ancêtre du taijiquan. Précédé d’exercices de musculation, d’assouplissement et de Qi-gong, son exécution est d’abord lente et simplifiée puis de plus en plus rapide et complète.
    Avec sa longue tradition de mouvements riches et variés, le kung-fu est une excellente activité cardiovasculaire, intense et réjouissante. « Le Kung-fu est avant tout un art de vivre, un art pour mieux vivre. "Kung-fu" réfère à la partie d’une œuvre qui doit être accomplie (kung : un but à atteindre, Fu : l’homme) » (Roland Habersetzer). Sans compétition ni performance, sans combat et sans passage de grade, le kung-fu est pratiqué seulement pour la santé et le plaisir.
    « La pratique authentique de l’Art du Poing doit
     servir à prolonger la vie et non à l’écourter prématurément » (Zhang Sanfeng)

     Kung-fu : voir aussi '... repères d'Animaux martiaux' (Série "YogAZ")

     

    Yoga tibétain :
    le corps, véhicule vers l'Éveil [14]

    [14] Nathalie Ferron – Article publié dans la revue Santé Yoga Mai 2008 (www.yoganet.fr/blog/yoga-tibetain-35.html)

    Un yoga qui nécessite bonne condition physique et engagement

     

    Yoga tibétain – Nagajurna
    (illust. Nicolas Roerich, peintre russe -1874-1947)

    Si le Hatha-yoga se réfère à l'hindouisme, le yoga tibétain fait partie intégrante de la tradition bouddhique et le sens même du mot yoga se réfère à des acceptions précises, propres au bouddhisme [voir bouddhisme tibétain]

    L'expression « yoga tibétain » n'est pas signifiante en soi car elle fait uniquement référence à une caractéristique géographique et omet le contexte spirituel dans lequel s'inscrivent les pratiques yogiques.
    « Nangpé yoga » est fréquemment utilisé mais cette expression pose un problème d'ordre linguistique : Nangpé est un terme tibétain qui signifie « intériorité » tandis que yoga vient du sanskrit.
    Par ailleurs, certains ouvrages et professeurs font parfois référence aux « 5 Tibétains », un enchaînement de cinq postures précises à pratiquer le matin, mais cette pratique, plus proche d'une gymnastique, n'a rien à voir avec le yoga tibétain tel qu'on l'enseigne et le pratique dans certains centres bouddhistes...
    Le terme tibétain pour yoga, Neldjor, signifie « union » (djor) avec la nature essentielle de notre esprit (nel).
    Il est
     également juste de parler de « yoga bouddhique », car ce qui caractérise avant tout le « yoga tibétain », c'est la vue bouddhique à laquelle il se rattache, y compris dans la tradition bönpo [15].
    Les enseignements bouddhistes constituent le pilier à partir duquel vont prendre sens les pratiques.

    [15] Le bouddhisme comprend cinq écoles : Nyingmapa, Kagyüpa, Sakyapa, Gelougpa et Youngdrung Bö.

    Les pratiques tibétaines sont du yoga

    Selon les textes, toute pratique qui vise à atteindre l'Éveil peut être qualifiée de yoga :
    « Si on appelle yoga les
     pratiques méditatives, avec ou sans visualisation, on peut dire que presque toutes les pratiques tibétaines sont du yoga ; "Neldjor" est utilisé systématiquement pour toute pratique, qu'elle soit de type méditatif, avec ou sans visualisation élaborée » confirme Philippe Cornu [16].
    « Yoga » est donc un terme communément utilisé au sens
     spirituel du terme.
    Plus schématiquement, on distingue trois sortes de yogas : les yogas du corps (appelés
     également Kum-nyé, trülkhor ou encore Yantrayogas dans les lignées tantriques et Dzogchen) qui comprennent des exercices corporels et des prosternations, les yogas de la parole (la récitation de mantras, par exemple) et les yogas de l'esprit, strictement spirituels. C'est dans les yogas du corps qu'on trouvera la proximité la plus manifeste avec le Hatha-yoga mais réduire le yoga tibétain aux seuls exercices physiques constituerait une grave erreur de compréhension de la tradition bouddhique.

    [16] Philippe Cornu est enseignant-chercheur et président de l'Université Bouddhique Européenne. Spécialiste du bouddhisme depuis une trentaine d'années, il a publié de nombreux ouvrages dont Le Dictionnaire Encyclopédique du Bouddhisme, Éd. Le Seuil 2006

    Un enchaînement dynamique de postures

    Dans la tradition tibétaine, le corps est notre véhicule terrestre qui doit nous mener à l'Éveil. Dans cet objectif, on va travailler sur les canaux subtils pour les préparer, les purifier et les assouplir à l'aide d'exercices, de massages et de postures.
    « On prend pour appui le corps physique qui est une interface avec ce qu'on appelle les canaux subtils
     dans lesquels passent les "loung" -les souffles- qui sont les courants de manifestation des consciences », explique Lama Shérab Namdreul. Plus spécifiquement dans la pratique tantrique, on distingue deux phases dans les pratiques yogiques : la phase de développement et la phase de perfection.
    « La phase de développement, c'est la
     visualisation : le yogi apprend à se visualiser sous la forme d'une déité et apprend ensuite à réciter son mantra pour mûrir le pouvoir de la déité en lui. Une fois cette étape franchie, il entre dans les yogas internes » (Philippe Cornu).

    La phase de perfection consiste à travailler là encore sur les canaux subtils, les chakras, les souffles qui circulent dans les canaux et les « gouttes essentielles ». S'entraîner à pratiquer des respirations en vase par exemple – respirations spécifiques qui comprennent des rétentions et des compressions – constitue l'un des axes de la progression spirituelle dans le Vajrayâna qui comprend à la fois les pratiques tantriques et le Dzogchen.

    Certaines postures peuvent rappeler des asanas hindouistes, même si l'enchaînement des postures est ici très dynamique :
    « C'est un yoga actif, dynamique et vigoureux. On ne reste jamais longtemps dans les postures »,
     précise Philippe Cornu. Sauts réalisés en posture de lotus (« bebs »), claques ou flexions, constituent quelques unes des particularités posturales assez spectaculaires et propres au yoga tibétain.

    Des yogas encore secrets

    Secrets pour la plupart, ces yogas nécessitent non seulement une très bonne condition physique, mais également un engagement de longue haleine. C'est pourquoi ces yogas ne sont pas enseignés au tout-venant. Et même si dans certains centres, comme à l'ermitage Yogi Ling, des stages sont ouverts à tous, il est fondamental de vérifier son intention et sa motivation spirituelle avant de s'inscrire :
    « On ne fait pas du yoga avec des préoccupations
     mondaines : pour l'hygiène, pour maigrir ou pour des performances physiques », rappelle Lama Shérab Namdreul, enseignant de yoga au centre Yogi Ling. Le yoga physique ne constitue qu'une méthode parmi d'autres pour viser l'Éveil dans la tradition tibétaine. Utile, efficace mais pas incontournable. Ce que confirme Lama Shérab Namdreul :
    « Ça peut être utile de faire du yoga physique pour les personnes très agitées, par exemple, parce que
     ça calme le corps, mais l'essentiel c'est d'arriver à la méditation de l'esprit ». L'exemple du Tumo, qui représente un des 6 yogas essentiels [17] transmis non seulement dans la lignée Changpa Kagyu mais aussi dans les autres écoles tibétaines, y compris le Yundrung bön, illustre parfaitement l'approche yogique du corps utilisé comme un moyen d'accès vers des objectifs spirituels ultimes.

    Dans cette pratique, on va canaliser les souffles subtils dans le bas-ventre (juste en-dessous du nombril) pour augmenter la chaleur du corps. Pratiqué parfois dans la neige et quelle que soit la température extérieure, ce yoga secret présente des aspects souvent spectaculaires à nos yeux d'occidentaux. Mais l'objectif visé est spirituel : 
    « l'idée c'est de transposer cette félicité du corps dans l'esprit : on a une expérience d'éveil où la félicité n'est plus une expérience circonstancielle mais la nature même de l'esprit, car l'esprit est félicité » [18] explique Lama Shérab Namdreul.
    À moins de prendre refuge et de s'engager pour de longues années de pratique, aucun de ces yogas secrets ne sera accessible à nous autres Occidentaux. Toutefois, soucieux de diffuser ses enseignements au plus grand nombre, Kalou Rinpoché a conçu un ouvrage « Le Yoga Tibétain » (voir ci-dessous, À lire) qui s'adresse à tous, bouddhistes ou non, et aussi bien aux débutants qu'aux pratiquants avancés.

    [17] Les 6 yogas essentiels dans la lignée Changpa Kagyu sont : le yoga du feu intérieur (Tumo), le yoga du corps illusoire, le yoga du rêve, le yoga de la claire lumière, le yoga du transfert et le yoga du bardo.
    [18] La félicité fait partie des 5 qualités de l'esprit. Les 4 autres qualités sont la clarté, l'équanimité, la compassion et la connaissance.

    À lire

    - Le Yoga Tibétain de Kalou Rinpoché, Éd. Kunchab.
    - Voie Graduelle du Yoga Tibétain de Neldjorpa Shérab, Éd. Yogi Ling.
    - Le Yoga Tibétain, Une voie progressive vers l’ Éveil de Danie Doyon Sarasvati, Les Voies du YOGA (www.federationyoga.qc.ca/page-yoga-tibetain.html) en pdf

     

    Yoga de Kripalu [21]

    [21] © 2007 Productions Flyogi

    Le yoga de Kripalu est une approche de Hatha yoga inspirée par la vie et les enseignements de Swami Kripalvanandji (1913 – 1981)  

    Le but du yoga de Kripalu est de cultiver une expérience d’intériorisation méditative dans une même pratique en intégrant les huit étapes du yoga décrites par le sage Patanjali.
    En se basant sur les principes de « Respire, Relaxe, Sent, Observe et Permet » et de La Vague, la pratique du yoga de Kripalu est une invitation à une conscience méditative du moment présent pour intégrer le corps, le mental et l’esprit et se brancher sur la sagesse du corps et la puissance du Vrai Moi.
    Dans le yoga de Kripalu, les postures physiques sont considérées comme le véhicule externe pour la « posture interne » que l’on veut développer : calme intérieur, harmonie et paix en « Suivant la vague des sensations ». Éventuellement, cet état intérieur demeure constant même si les postures externes changent continuellement (sur le tapis de yoga et, surtout, dans la vie de tous les jours).
    La pratique du yoga de Kripalu se fait en trois étapes cumulatives (et souvent simultanées) pour nous donner une expérience kinesthésique des huit étapes du yoga selon Patanjali.

    1. Dans l’étape #1
    on apprend à pratiquer les postures de yoga classiques (Asanas) et les exercices de respiration pour contrôler la force vitale (Pranayama). Cette pratique renforce le corps et aide à dissiper les tensions chroniques. Avec le temps, en fixant le mental sur la respiration et sur les détails de l’alignement du corps, la concentration s’affermit et l’on est prêt pour une pratique plus profonde. Il est crucial que cette pratique se fasse dans le contexte des Yamas (non-violence, vérité, respect, modération et lâcher-prise), et des Nyamas (pureté, acceptation, discipline, étude de Soi et abandon à plus grand que Soi)

    2. Le but de l’étape #2
    est de se familiariser avec la présence et le flux de l’énergie vitale (prana) qui guide le fonctionnement du corps et du mental. On tient les postures plus longtemps en amenant l’attention à l’intérieur (Pratyhara) en concentrant l’attention (Dharana) sur les sensations et les pensées suscitées par la posture. On explore même ces sensations en invitant le corps à bouger avec de lents micromouvements guidés de l’intérieur pour devenir le témoin amusé des jeux entre le corps et le mental (Dhyana). En approfondissant la pratique, le prana devient plus fort et le mental devient de plus en plus apte à observer sa propre activité.

    3. Dans l’étape #3
    le mental demeure calme pendant qu’on ne fait plus qu’un avec la posture (Samadhi) en laissant le prana circuler et guider le corps pour qu’il se manifeste avec des mouvements et des postures spontanés.

     

    Viniyoga ? [22]

    [22] Nicole Dumont (www.nicoledumontauteure.com)

     

    « Si vous vous intéressez au yoga, vous avez certainement constaté que le nombre d'approches différentes ne cesse d'augmenter.
    Comment s'y retrouver ?
    Aujourd'hui, vous en saurez au moins un peu plus sur l'une d'elles, ma préférée que je pratique depuis 25 ans. »

     

    Ses origines
    L'enseignement Viniyoga se base sur la personne et non sur la technique. On tient compte du groupe d'âge, de la condition physique, du climat, du genre de vie et des besoins particuliers. Cette approche a été développée dans la première moitié du 20e siècle par le Maître Sri T. Khrisnamacharya de Madras en Inde.
    Depuis, son fils et son petit-fils poursuivent l'enseignement et la formation de professeurs venant de tous les pays. C'est un yoga dit thérapeutique, car, en se penchant sur chaque problème physique ou de santé, il permet traiter avec succès plusieurs affections physiques au moyen de postures et de respirations précises.

     

    En pratique
    Dans la pratique des asanas (par exemple une personne a eu un accident ou a une réduction de mobilité dans une partie du corps), on adapte la posture. Il n'est pas nécessaire d'exécuter parfaitement une posture pour en récolter tous les bénéfices ! Et ceux-ci sont nombreux et à plusieurs niveaux : les os, les muscles, le système nerveux, les organes internes, les glandes et la circulation de l'énergie. On fera aussi un ajustement dans les cas où l'on a tendance à compenser avec toujours la même partie du corps, par exemple le bas du dos. Pour protéger le corps, on pratique une contre-posture après chaque posture importante, ce qui vise à le ramener au neutre, en préparation pour le prochain asana.

     

    L'importance de la respiration
    On ne saurait parler de yoga sans mentionner la respiration, qui est un véritable pont entre l'esprit et le corps.
    En effet, avez-vous remarqué que votre respiration change avec vos états émotifs ? Et aussi avec certaines pensées... En Viniyoga, chacun pratique en suivant son propre souffle et non selon un rythme dicté par l'instructeur.
    Il en résulte un état de calme et de bien-être ; c'est normal puisqu'on se rapproche alors de soi.

     

    En résumé, Viniyoga est une approche de grand respect pour chaque adepte. Il existe environ 6000 variantes de postures ; c'est donc dire qu'il y en a qui vous conviennent mieux que d'autres, selon votre condition et vos besoins.

     

    Yoga et Nâtha-Yoga

    Les couleurs du Yoga

     

    En guise de conclusions...

    cliquez sur les tableaux ci-dessous pour voir apparaître les "couleurs' du Yoga"...

     

    Différentes disciplines : voir l'article à la Série "YogAZ"

     

     

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  • Commentaires

    1
    Titine
    Samedi 11 Janvier 2014 à 12:58

    Ben dis-donc, il y a de quoi lire sur ce blog très bien fait et détaillé.


    Félicitations.


    Ch. Ro. alias Titine ;)

    2
    Lundi 2 Juin 2014 à 09:47

    C'est vrai que le yoga n'est pas vraiment bien compris par beaucoup de personnes et associé à des idées plus ou moins farfelues. Moi je l'adore, c'est un vrai remède, un plaisir, une détente et aussi une autre façon de voir et de vivre sa vie ! Merci pour tes explications !

    Bien amicalement. Danielle

     

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