2-Polypore du bouleau Fomitopsis betulina

Publié par Yantra

Page créée le 04 novembre 2023

Polypore du bouleau

Fomitopsis betulina

Le polypore du bouleau (Fomitopsis betulina anciennement Piptoporus betulinus) est un champignon de la famille des Fomitopsidaceae qui pousse sur un arbre réputé en bushcraft – le bouleau – et possédant mille applications : on prête de nombreuses utilisations à ce champignon qui se développe de la fin du printemps à la fin de l’hiver.

Polypore du bouleau jeune Berkenzwam_(Piptoporus_betulinus).jpg

Le polypore du bouleau ne se développe de façon abondante QUE sur les… bouleaux (pardi)

Les polypores sont des champignons lignicoles, saprotrophes (qui se nourrit par absorption) ou nécrotrophes (qui tire sa nourriture de tissus tués par lui) plus rarement parasitaires *, développant un carpophore charnu, coriace et élastique dont le chapeau peut être sec, feutré à écailleux portant des tubes disposés en couches minces, à pied central ou excentré et dont les spores sont blanches.

Voir d'autres espèces lignicoles associées au Polypore du bouleau (Wikipédia)

* Voir Interactions : parasitisme et symbioses

Sous nos contrées, les bouleaux se remarquent très facilement. Ce sont des arbres pionniers, poussant dans les friches et dont l’écorce est blanche, striée de lenticelles. Son bois brûle vivement, il est facile à sculpter et peut servir à allumer du feu par friction. Ses branches ont été utilisées pour confectionner des balais, son écorce est riche en huiles essentielles et permettent de produire facilement des flammes ou de fabriquer du brai de bouleau, une colle très puissante. Au tout début du printemps, on peut également en récolter la sève.

Voir Bouleau Betula (Mangez le sapin de Noël)

Description du Polypore du bouleau

Le polypore du bouleau est un champignon commun que l'on peut observer sur une vaste majorité de la France métropolitaine, ainsi qu’à Saint-Pierre et Miquelon, de septembre à février, mais il y a peu de risques de le confondre avec d’autres espèces, si l’on prête attention à quelques critères très simples.

Le polypore du bouleau pousse exclusivement sur les troncs et souches de bouleaux (comme son nom l’indique), affaiblis, morts ou encore érigés. Il persistera et continuera de se développer sur son arbre tombé à terre et ne laissera de lui que de petits cubes fissurés de lignine, sur lesquels son sporophore devenu blanc et sec, momifié, restera longtemps visible.

Regardez les branches et troncs de bouleaux encore vivants ou morts : le polypore du bouleau vit souvent en colonie. De nombreux polypores qui poussent sur un bouleau encore debout indiquent que celui-ci est mourant et/ou en voie de pourrissement. Ne campez pas dessous, une chute pourrait si vite arriver !

Le polypore du bouleau produit un sporophore bien visible, sorte de "chapeau" mou au toucher, qui va libérer des spores lui permettant de se multiplier.

Ce sporophore, jeune, ressemble à une boursouflure, une petite boule qui s'étale et évolue jusqu’à la forme d’un d'un beau chapeau lorsqu’il est âgé (6 à 20 cm de diamètre), épais (2 à 6 cm), ressemblant à la base d'un sabot de cheval qui s'épaissit et s'arrondit vers le bord de sa face inférieure en un bourrelet débordant sur celle-ci.

La face supérieure du chapeau est couverte d'une mince pellicule cuireuse (= à la texture rappelant le cuir *) beige à brun clair.

* Cuireux (cuireuse) nom commun : celui (celle) qui travaille le cuir comme le cordonnier, le spécialiste du cuir, le revendeur de cuir...

La face inférieure du polypore du bouleau est blanche, avec des tubes très courts de couleur blanche, ornée d’une myriade de minuscules petits trous de la même couleur (les pores, nombreux, d’où le nom polypore). La chair, fraîche, est blanche ou légèrement jaune, tendre mais ferme (presque gélatineuse, elle devient rapidement coriace). Elle peut laisser suinter une légère humidité. Son odeur est fruitée, un peu aigrelette et a une saveur acidulée.

Carpophore du Polypore du bouleau (x2).jpg

Le pied, généralement très court et situé sur le chapeau, donne l’impression que ce dernier se développe directement sur le tronc. Le mycélium, partie cachée des champignons, se répand dans le bois en fins filaments bruns.

Saprotrophe, ce champignon décompose le bois sur lequel il se développe, mais la science hésite encore à le désigner comme parasite¹. Son mycélium, se nourrissant de débris organiques, provoque tout de même une pourriture brune² sur son hôte.

"Le plus souvent, ce polypore s’attaque à des bouleaux moribonds âgés (le bouleau blanc par exemple ne vit guère au delà de 100 à 150 ans) mais surtout à des arbres très affaiblis, 'condamnés', victimes d’un fort stress : soit d’un manque de lumière suite à l’évolution du peuplement et la compétition de grands arbres autour, soit d’un épisode de sécheresse ou un incendie. Néanmoins, on peut aussi l’observer sur des arbres en apparence bien vivants ce qui porte à le considérer comme un parasite dit 'de faiblesse' * mais peu agressif contrairement à d’autres espèces de polypores".

Gérard Guillot Le polypore "vautour" des bouleaux [archive] zoom-nature.fr

1. Voir Interactions : parasitisme et symbioses

2. Voir Les pourritures du bois [archive] (Institut fédéral de recherches, Suisse)

Utilisations du Polypore du bouleau

Le polypore du bouleau est une ressource naturelle "bushcraft" méconnue. Parmi celles que l’on néglige par cette méconnaissance, le polypore en est l’exemple parfait. Il est pourtant largement distribué et abondant sur les arbres en dépérissement.

Facile à identifier sans erreur, il peut venir jouer un rôle intéressant pour entretenir les outils coupants ou pour allumer un feu (ci-dessous).

Pour traiter de modestes coupures sur le terrain ou même, pourquoi pas, pour le plaisir de déguster une tisane de temps en temps en guise de traitement de fond face aux affections hivernales (voir plus bas)

Polypore du bouleau en pratique

Le "cuir"

Parmi les utilisations les plus répandues, citons celle de son "cuir", de sa chair selon des auteurs, qui servait autrefois à enlever le morfil * des couteaux et outils coupants lors de l’aiguisage. Pour ce faire, on pelait le carpophore du polypore et on frottait les couteaux dans le sens du tranchant sur cette carapace à consistance de cuir.

* Morfil : petites parties d'acier, barbes métalliques qui restent au tranchant d'une lame affûtée. Déclinaisons

''Cuir'' du Polypore du bouleau pour aiguiser les couteaux.jpg

Allumer le feu

Une fois l’hiver passé, le carpophore du champignon se durcit puis dépérit. Pour peu qu’on prenne soin d’en emporter un avec soi, il sera possible de le faire sécher très facilement.

Dans cet état, il peut être utilisé comme propagateur de braise, se consumant très lentement. Pour cette propriété, il a pu être utilisé jadis comme système pour transporter une braise entre deux campements.

Lorsqu’il est bien sec, le polypore du bouleau accueille des étincelles. Attention, lorsqu’il est vraiment très sec, il produit une flamme bleutée peu visible mais bien présente. Il est idéal pour allumer un feu au firesteel.

Polypore du bouleau allume-feu.jpg

Voir Bois d'allumage – Voir aussi Amadou

Est-ce qu'il se mange ?

Ce champignon n'est pas toxique, cependant, vu sa consistance subéreuse (= de la nature du liège), il n'est pas comestible. D'aucuns le disent indigeste. MAIS les avis divergent.

La texture de la chair est très ferme, subéreuse, ce qui la rend désagréable à mâcher. Le goût est légèrement acidulé mais surtout amer.

Il ne représente donc pas un bon comestible pour les gourmets mais permet d’apaiser la faim en se remplissant rapidement l’estomac. Il faut goûter pour s’en faire une idée...

• Sélectionnez les carpophores les plus jeunes (en forme de petite boule ou de rein) pour éviter qu’ils ne soient trop coriaces.

Vertus médicinales du Polypore du bouleau

Les champignons médicinaux n’ont étrangement pas autant la cote que les plantes médicinales. (Visionner la vidéo de Alban Cambe)

Pourtant, de nombreuses recherches sur le polypore du bouleau mettent en avant les substances antibiotiques qu'il produit naturellement et ses vertus antiparasitaires. En 2011, une équipe ukrainienne a mis en évidence les vertus anticancéreuses d’extraits de Fomitopsis betulina.

Ötzi, la momie des Alpes retrouvée en 1991, âgée d'environ 3400 ans av. J.-C., portait autour du cou un collier avec des morceaux de polypore du bouleau. On suppose, d’après l’analyse du contenu de son estomac, qu’il l'utilisait comme traitement médical, en tant que vermifuge.

Ce champignon est utilisé comme antiparasitaire et vermifuge notamment en Europe de l'Est (partie orientale du continent européen aux contours flous et variables)².

2. La vie serait-elle possible sans les champignons ? [archive] sur France Culture

Un pansement

La plupart des documents relatant un tel usage incitent à découper une bande dans le cuir de la face inférieure, en guise de pansement de fortune sur une petite plaie, entaille ou égratignure, si l’on y adjoint un moyen de le maintenir en place.

• La chair ferme mais souple se décolle très facilement et permet de couvrir la plaie.

• Elle peut aussi être découpée en fines lamelles puis placée sur la plaie.

Attention, ce type de pansement ne permet pas d’arrêter un saignement, seulement de protéger la plaie et de lui faire bénéficier des vertus antibiotiques du champignon.

Voir La plante du randonneur (Plantain Plantago major)

Voir aussi Les petits bobos méritent notre attention (Mercurochrome)

La meilleure façon d'en profiter

Polypore du bouleau l'infusion.jpg

• Réalisez une infusion en découpant un carpophore encore souple et ferme en petits morceaux ou en lambeaux.

• Placez-les dans une eau chaude mais non bouillante : l’ébullition de ce champignon est à éviter afin de préserver ses vertus. Un léger frémissement est acceptable.

• Patientez une vingtaine de minutes, le temps que le liquide se colore d'un brun jaunâtre.

• L’odeur est clairement fongique, rappelant un potage aux champignons.

• Le goût est amer, il est possible d'y mélanger un peu de miel ou de sirop d’érable.

Pour info il existe plusieurs variétés de polypores, qui poussent sur le tronc des arbres et qui ont des vertus médicinales, dont, outre le polypore du bouleau, le polypore versicolore, le polypore oblique (ou chaga) ou encore le polypore en ombelle.