Arts et concepts japonais
Mardi 10 décembre 2024
Important avant de commencer
Ce qui suit est la première page écrite entièrement depuis la "migration", pas vraiment voulue, de mon blog en ce lieu. Beaucoup de choses ont changé... La présente page, au contenu plutôt sympa, est l'essuyeuse de plâtres. Soyez indulgents !
N.B. : Un malheur n'arrivant jamais seul, il se peut que certains liens "internes" (dans le blog) n'aboutissent pas. Encore du boulot supplémentaire pour tout "rebrancher", dont je me serais passée.
Ma
Ma (間) est un terme japonais qui signifie "intervalle", "espace", "durée", "distance". Son kanji symbolise un soleil entouré par une porte. Ce terme est employé comme concept d'esthétique, il fait référence aux variations subjectives du vide (silence, espace, durée, etc.) qui relie deux objets, deux phénomènes séparés. Ce concept est décliné dans de nombreux arts : architecture, peinture, arts martiaux, arts culinaires, théâtre, musique, etc.
Source et suite Wikipédia (Sens philosophique)
Documentation
La culture du ma (間の文化 en japonais) est un concept fondamental de l'esthétique et de la philosophie japonaises. Le ma représente l'intervalle, l'espace ou la durée qui unit plutôt que sépare. Ce concept subtil imprègne profondément les arts, l'architecture et les relations interpersonnelles au Japon, incarnant un idéal d'harmonie, d'équilibre et de beauté dans le vide apparent. Comprendre le ma, c'est saisir l'essence même de la sensibilité japonaise et sa façon unique d'appréhender le monde... (à suivre dans Japan Experience) [archive]
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Les limites du ma. En 1978, fut organisée à Paris dans le cadre du Festival d’automne alors naissant une exposition japonaise qui fit date. Intitulée "Ma : Espace-Temps du Japon", elle fut conçue par l’architecte Isozaki Arata avec le soutien actif de Michel Guy, fondateur du festival. Ma, ce petit mot japonais connut alors une soudaine popularité et, malgré les vicissitudes de la mode, n’a jamais complètement disparu depuis du paysage intellectuel français. Le même phénomène s’observe en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis où l’exposition a circulé. On se réfère au concept de ma dans différents cercles artistiques et intellectuels, chez les architectes, les urbanistes, les musiciens, les musicologues, les réalisateurs et les critiques de cinéma, les photographes ou encore dans le monde de la danse contemporaine... (à suivre dans Cairn Info [archive] téléchargeable en PDF)
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Quelques exemples en vrac
Arts martiaux. Maai - Deai (Lexique "sportif"). Le maai (間合い), qu'on peut traduire par "intervalle", est un terme d'arts martiaux japonais se référant à l'espace entre deux adversaires au combat ; plus formellement, la "distance d'engagement". C'est un concept complexe... Deai est une notion correspondant au timing. Elle est utilisée pour contrôler l’espace et susciter une réaction. Voir Japan Experience
Bien-être et santé mentale. Shinrin-Yoku. Face au stress de la vie moderne, de nombreux Japonais redécouvrent l'importance du ma comme moyen de préserver leur équilibre mental. Des pratiques comme la méditation et le shinrin-yoku ("bains de forêt") gagnent en popularité, offrant des moments de pause et de connexion avec la nature. Voir Japan Experience
Cérémonie du thé. La cérémonie du thé japonaise, Chanoyu, est imprégnée du concept de ma. Chaque geste, chaque pause est soigneusement chorégraphié pour créer une expérience harmonieuse. L'espace entre les objets et les moments de silence sont aussi importants que les actions elles-mêmes. Japan Experience. Voir aussi Matcha le thé des Samouraïs
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Onna-bugeishas (Samourai – Femmes). Contrairement à ce que le nom pourrait suggérer, les Onna-bugeisha, n’ont pas de lien avec les geishas, ces dames de compagnie élégantes au visage de nacre et aux lèvres teintées d’un rouge vif, réputées pour leur sophistication et leurs charmes. Là où la Maiko * étudie l’art de la discussion, du thé et de la danse, on compte également, durant les ères Heian (794-1185) et Kamakura (1185-1333), des guerrières, les onna-bugeisha, qui pratiquent l’art du combat, avec un apprentissage intensif des armes et de leurs utilisations. (* [archive] sans vidéo)
Peinture et calligraphie. Dans ces arts, le ma se manifeste par l'utilisation judicieuse des espaces vides. Les zones non peintes d'un tableau ou les espaces blancs dans une calligraphie sont aussi importants que les traits eux-mêmes, créant un équilibre visuel et une profondeur de sens. Japan Experience
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Théâtre nô. Dans le théâtre nô, le ma se manifeste dans les pauses et les silences entre les répliques et les mouvements des acteurs. Ces moments de tension et d'immobilité sont aussi importants que l'action elle-même, créant une atmosphère de profonde intensité émotionnelle. Japan Experience
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Etc.
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Voir aussi
Haïku [archive]. « Ces petits poèmes japonais - trois vers, c'est tout - me fascinent pour ce qu'ils sont sans en avoir l'air. [...] Je n'aime pas que l'Occident les attire dans ses filets de métaphores et de syllogismes, comme il ne s'en est pas privé jusqu'ici - surcharge symbolique où les haïku perdent le meilleur d'eux-mêmes : cette faculté de se situer naturellement en deçà de la littérature. » (Maurice Coyaud, Fourmis sans ombre : le livre du haïku)
Hokusai 1760-1849 (manga, bleu de Prusse)
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Des concepts similaires au ma dans d'autres traditions
Philosophie taoïste chinoise : Le concept de wu wei (無為), qui signifie "non-agir" ou "action sans effort", partage certaines similitudes avec le ma. Il met l'accent sur l'importance de l'espace et du vide dans la création d'harmonie. Voir Lao-Tseu Ve-IVe s. av J.-C. (Taoïsme)
Minimalisme occidental : Bien que d'origine plus récente, le mouvement minimaliste en art et en design partage avec le ma une appréciation de la simplicité et de l'espace. Cependant, le ma va au-delà de l'esthétique pure pour englober une philosophie plus large de l'existence. Voir le Lagom suédois (Bien-être au Nord)
Concepts de silence dans diverses traditions spirituelles : De nombreuses traditions religieuses et spirituelles, du christianisme au bouddhisme, valorisent le silence et la contemplation d'une manière qui rappelle certains aspects du ma. Voir Le silence du corps
Théorie de la Gestalt en psychologie : Cette approche, qui souligne l'importance de percevoir des ensembles plutôt que des parties isolées, partage avec le ma une attention à la relation entre les éléments et l'espace qui les entoure. Voir Gestalt (Perls - Goodman)
Vu dans Japan Experience (archive)
Shibui
Shibui (渋い) est un adjectif utilisé en japonais pour désigner une sensation ou une attitude esthétique. Le nom propre correspondant est shibumi (渋み). Ils se réfèrent à la sensation subjective produite par la beauté simple, subtile, et discrète. À l'instar d'autres termes du vocabulaire affecté au domaine esthétique (comme iki [idéal esthétique] et wabi-sabi), shibui peut s'appliquer à un vaste éventail de sensations, et non exclusivement à l'art ou à la mode.
Apparu à l'origine lors de la période Muromachi (1333-1568) sous la forme shibushi, le mot fut d'abord utilisé pour désigner un goût acide ou astringent (selon Makoto Ueda "Shibui" Kodansha Encyclopedia of Japan, Tokyo, Kodansha Ltd. 1985) comme celui du kaki encore vert. Le plaqueminier est un arbre du genre diospyros, dont le fruit (le kaki) ressemble à une tomate et se consomme blet. Après les premières gelées, il est moins astringent. De nos jours, shibui a gardé cette acception, et est l'antonyme (contraire) de amai (甘い), qui signifie "doux".
Source et suite Wikipédia
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Voir Kaki dans Lotus fleur et symbole
Voir aussi L’ume ("prune japonaise") dans Les prunes
Documentation. “Shibui”, l’élégante sobriété. La complexité de ce concept japonais réside dans son ambivalence : il oscille entre l’astringence et la beauté épurée. Le shibui est un concept japonais évolutif et qui recouvre, au fil du temps, plusieurs acceptions. Il peut s’utiliser pour qualifier aussi bien une personne qu’une performance artistique ou un objet. Avec, la majeure partie du temps, une visée positive : celle de la beauté sobre, discrète, empreinte d’un sens de la mesure. Un objet ou une personne que l’on qualifie de shibui sont élégants, d’une apparente simplicité, mais qui révèle avec le temps de nouvelles facettes. Pourtant initialement, le terme shibui n’était pas corrélé à une idée méliorative. Il qualifiait un goût astringent, comme celui du kaki. Un goût laissant une impression peu agréable au palais, qui fait tordre les lèvres et plisser les yeux... (Pen ペン) [archive]
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Voir aussi
Ikigai. Ikigai est un mot japonais, mais un concept universel. Il signifie littéralement "vie" (iki) et "valoir la peine" (gai). On le traduit généralement par "raison d’être", "sel de la vie", "joie de vivre" ou "raison de se réveiller chaque matin".
Kaizen, la "pensée positive" du Japon.
Koan. Un peu de remise en ordre dans nos têtes, en ces périodes où lois et attitudes se contredisent et s'entrechoquent...
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Divers et varié autour du Japon
Des samouraïs aux "Jedi", mille déclinaisons de kimono (L'Internaute)
L’art de la table au pays du soleil levant (Cuisine asiatique)
Sakuma : la méthode japonaise pour dessiner sa silhouette
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Autres cieux
Ho'oponopono (Hawaï)