Animaux martiaux
Éléphant, Yoga et... Kalaripayatt
"Géant d’Asie". Festival des Éléphants à Jaipur, dans le Rajasthan, en 2013 l’Éléphant d’Afrique aussi sait se faire respecter ! |
Me disant que l’Inde vit beaucoup avec ses Éléphants, qu’un Dieu dodu et cultivé, Ganesha, possède une tête d’Éléphant, je recherchais activement des postures de Yoga qui pourraient avoir un nom de pachyderme ou s’y rapportant : pourquoi pas la Posture du ‘Cornac’, puisqu’il existe une Posture du ‘Bouvier’ (ou Gardien) ? Je ne sais toujours pas s’il existe une Posture de ‘Ganesha’ (comme il y en a pour Krishna ou Garuda...), mais j’ai bien trouvé cette Posture de l’Éléphant avec en prime la découverte du Kalaripayatt, dont j’ignorais l’existence, peut-être l’un des plus vieux Arts martiaux au monde ! Autre découverte, c’est que je pratique en cours de Yoga cette posture depuis longtemps, sans connaître son nom, pensant qu’il s’agissait d’une des nombreuses variantes de la Chaise yogique : Notre prof ne prend pas toujours le temps de nous donner le nom des postures. Certes ce n’est pas là le plus important et elle-même ne le connaît pas toujours, pour la bonne raison que, comme nous l’avons déjà vu, les noms sont très... volatils. Voilà qui n’aurait pas fait l’objet d’une mention spéciale s’il ne s’était agi, tout de même, d’évoquer un Art martial indien dans lequel le Kalari-vinyasa Yoga puise son inspiration... |
Note. Le début de cet article, perdu lors d'une foutue "migration" du blog en décembre 2024, a été récupéré grâce à l'archive du 30/06/2022. Le rendu global ayant été un peu déformé, quoique moins qu'avec certains autres, cette archive vous montre le premier visage de l'article pour la réalisation duquel j'ai mis toute mon énergie et pris beaucoup de plaisir.
l'adorable petit Mammouth de la Grotte de Chauvet Plein la vue ! images Chauvet (Google) |
Le "Kalari" est un Art martial ancien, mais tout de même pas aussi vieux que cette fresque de la Grotte de Lascaux (en Dordogne) ci-dessus... « La faune figurée sur les parois de Lascaux est celle que l’on retrouve dans la majorité des grottes ornées de l’aire franco-cantabrique : Cheval, Aurochs, Bison, Cerf et Bouquetin dominent largement suivis d’animaux plus rares et souvent dangereux, comme l’Ours, le Rhinocéros et les grands félins. Wikipédia |
Bref, ne connaissant pas grand' chose au sujet de cette discipline qu'est le Kalaripayatt, je vous livre, ci-dessous, divers extraits, puisés au fil de mes recherches sur la toile, avec les liens pour vous rendre sur les sites en question.
Urumi (ou Ouroumi ou Urimi) : une épée flexible à double tranchant, redoutablement dangereuse : |
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Présentation Né il y a 3000 ans au Kérala en Inde du Sud, le Kalaripayat [1] serait l'ancêtre des arts martiaux. Kalari signifie "espace creusé dans la terre" et Payat "art de combat". Le Kalari (endroit où est donné l'enseignement, une salle de 14 m sur 7, parfois pratiqué sous terre) était aussi sacré qu'un lieu de prières, c'est l'équivalent du Dojo Japonais. Le maître est appelé Gurrukal. [1] Kalaripayatt, Kalarippayatt ou Kalarippayattu |
Un peu d’histoire
Dans le Rig-Véda il est fait mention d'un combat durant lequel Indra attaque les points vitaux de son adversaire. Il s'agit là peut-être de la première mention d'un art martial proche du Kalarippayatt. Liée aux traditions religieuses hindouiste et bouddhiste, une légende sans fondement historique prétend qu'il serait à l'origine des arts martiaux asiatiques par l'intermédiaire du prince Bodhidharma qui aurait créé près de Kottayam, au Kerala, la première école de Kalarippayatt, puis serait parti ensuite pour la Chine pour y fonder une école de ce qui deviendra le Kung-fu au monastère de Shaolin. Les premiers écrits connus concernant la discipline sont des inscriptions sur des feuilles de palmes datant du IIe siècle avant J.-C.
Les formes ancestrales du Kalarippayatt se codifient au XIIe siècle. Fondamentalement liée avec l'histoire du Sud de l'Inde, la discipline connaît un âge d'or entre le XVe et le XVIIe siècle. À cette période, le Kalaripayatt est un pilier institutionnel de la société kéralaise. Les Guerriers Nayars ou Nairs sont les garants de l'ordre social. La côte du Malabar est alors le lieu de nombreux échanges commerciaux avec l'Extrême-Orient et l'Occident. Il est rapporté dans des écrits de voyageurs portugais que les côtes du Malabar sont alors les plus sûres du monde. L'ordre règne dans la vie quotidienne et les conflits entre royaumes voisins se règlent en combat individuel et à mort entre les meilleurs guerriers.
À la fin du XVIIe siècle, la couronne anglaise prend le pouvoir sur la région. Elle interdit la pratique du Kalarippayatt, perquisitionne et détruit les armes... Les Maîtres sont mis sous haute surveillance... Certains cependant, continueront à enseigner clandestinement; ce qui permet au Kalarippayatt de survivre jusqu'en 1947, date de l'indépendance reconquise.
Kalarippayattu s'est répandue en Europe grâce aux efforts de Anil Machado et en Amérique par Shiva Rhea. Ils sont les principaux maîtres d'Europe et d'Amérique.
Le Kalarippayatt se caractérise par des positions très basses portant des noms d'animaux ainsi que par de nombreux sauts très hauts. Le Kalarippayatt connaît deux styles, le style Thekkan (ou « style du sud ») et le Vadakkan (ou « style du Nord »), il y existe aussi le Hanuman-kalari (peu connu). Dans les deux premiers styles, une dizaine d'armes sont encore enseignées parmi les dix-huit armes qui étaient étudiées autrefois. Dans la tradition locale, il fallait plusieurs années pour maîtriser une seule arme (Wikipédia)
photos du site de Philippe Colinet |
Kalaripayatt : les neuf ‘mercenaires’ En Kalaripayatt, huit animaux sont principalement représentés : « Éléphant, Chat, Lion, Paon, Cheval, Coq, Serpent et Sanglier ». D'autres existent mais sont considérés moins importants. [J’en ajouterai toutefois un neuvième : le Poisson, d’une part parce que j’en ai une jolie photo ;-) et d’autre part nous avons vu plus haut que, dans le ‘fluide’ enchaînement Meipayatt, l'élève, ‘amené à imiter des postures animales’, apprend à ‘se déplacer tel l'eau qui coule dans le lit de la rivière’...] En fait, on recensait par le passé 18 postures animales ; on en compte encore aujourd’hui 14, dont l’Ours, qui "baisse le museau et charge tout droit"... Comme je n'ai rien sur lui en ce qui concerne le "Kalari", je l'évoquerai dans un autre épisode... Nous les retrouvons dans les enchaînements Meipayatt et Salutation Kalari (une chorégraphie exécutée en l'honneur de la Terre-mère, de la lumière, de l'humanité, des animaux et de la vie dans sa globalité, qui, à l’image de la Salutation au Soleil du Yoga, évoque grâce, harmonie, joie, dévotion) L'élève débutant est invité à apprendre la posture de chaque animal. Ceci dans un esprit martial et de Yoga. Ensuite il apprend à se déplacer sur une ligne en imitant chacun des [huit] animaux. Bien que martial, l'enchaînement des [huit] animaux se situe à la frontière du Yoga et de la Danse. |
On compte dans la pratique du kalarippayatt 4 niveaux
fluidité lh6.googleusercontent.com photo du site de Philippe Colinet photo du très joli et complet site de |
- Meythari (ou Meythaari - Mey Payattu) : pratique d'exercices corporels pour maîtriser l'équilibre tant au niveau du sol que durant les sauts, la concentration durant le combat, le développement de la souplesse et de la force, pour le renforcement du corps dans son ensemble.
Dans l’enchaînement Meipayatt, l'élève est amené à imiter des postures animales (Éléphant, Lion, Cheval...), réalisées et tenues très basses, au plus près de la terre. Dans cet enchaînement très fluide et rond, selon l'image évoquée par les enseignants, l'élève doit apprendre à se déplacer tel l'eau qui coule dans le lit de la rivière. - Kolthari (ou Kolthaari) : la pratique des armes en bois, bâtons (tiges de bambou) qui sont de plus en plus courts à mesure des progrès de l'élève. - Ankathari (ou Ankathaari - “entraînement à la guerre") : la pratique des armes en métal (poignards, épées, etc.), tout d'abord en luttant contre la même arme, puis contre une arme différente. On commence par le Daga ou Kadari (poignard curvé par détail à deux tranchants), le Vaal-Keddayam (épée à deux tranchants et bouclier), le Khathi (poignard), le Ouroumi (épée flexible à deux tranchants), arme extrêmement dangereuse, pouvant même être fatale au pratiquant dans un instant d'inattention, et enfin la lance à deux tranchants. [1] 1 pied = 30,48 cm |
- Verumkai : la pratique de l'auto-défense à mains nues, la connaissance des points vitaux et aussi des petites armes contre les grandes.
Les pratiquants plus anciens connaissent donc un ensemble de points vitaux [2] qu'il peut utiliser pour nuire à son adversaire mais aussi pour soigner. Ainsi, les maîtres de kalarippayatt sont généralement aussi médecins ayurvédiques, des thérapeutes qui mettent à profit leurs connaissances pour soigner leurs patients. (Wikipédia)
[2] Ces points vitaux sont les zones du corps bien connu dans tous les arts martiaux comme la nuque, la pomme d'Adam, les tempes, certaines vertèbres, le plexus, l'estomac, la base du nez, les articulations...
photo d’art de Joel Suganth, ‘Visual Artist’ (en) |
Aujourd’hui, l’art ancestral et guerrier du Kérala n’a plus une destination guerrière, mais est devenu une méthode de contrôle de soi et d’accomplissement personnel ; c’est aussi une méthode de bien être. Bien que la nécessité d’avoir un esprit prêt à affronter la mort et toutes sortes d’épreuves n’existe plus, le Kalaripayatt conserve une dimension spirituelle certaine. Les exercices pratiqués aident à rendre le corps plus souple, tonifier les muscles et développer l’énergie interne afin de rendre l’esprit plus fort. Le Kalaripayatt n’est pas seulement une méthode d’autodéfense ou un art ancestral, il implique une hygiène de vie, un engagement du corps et de l’esprit. |
Kalaripayatt un art martial de la région du Kérala -sud ouest de l’Inde- pratiqué depuis des siècles, mais aussi une DANSE martiale. Les lignes corporelles et les mouvements félins du Kalaripayatt offrent au spectateur une fluidité et une rapidité originales, des poses et des attitudes corporelles à la fois belles et d’une énergie puissante. |
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Le Kalaripayatt partage de nombreux principes avec la médecine ayurvédique, mais aussi avec le Yoga. La pratique a pour but, à partir de la forme externe, de découvrir la face interne de la pratique et de développer notre énergie subtile et profonde ; or il apparaît difficile, en particulier en Extrême-Orient, de parler d’énergie lorsqu’il s’agit de l’être humain, sans parler de mental et de spiritualité (Mathieu le Moal) Par la richesse de son expression chorégraphique, musicale et théâtrale, la danse indienne offre une approche privilégiée de la culture et de la civilisation de l’Inde. Au travers de poses à l’architecture complexe, de jeux de regards, du langage symbolique des mains, la danseuse évoque les déités de l’hindouisme. Baratha Natyam (danse de l’Inde du Sud) - Odissi (danse de l’Inde du Nord) - Kalbelya (danse du Rajasthan) - Kathak (danse narrative du Nord de l’Inde)... en sont quelques exemples. |
Échauffement - Exercice corporel (Meythaari - Mey Payattu)
Salut !
L'entraînement commence par des exercices de respiration et sont suivis par des étirements et mouvements qui s'inspirent du Yoga. Cela pour préparer le corps en douceur dans son ensemble.
Ensuite, l'élève apprend à se déplacer dans l'espace en effectuant des lancers de jambes (lancers de jambes directs, circulaires, intérieurs et extérieurs...). Ces lancers de jambes sont complétés et associés à des exercices au sol qui visent à étirer tout le tronc, ainsi que les parties dorsales, abdominales, thoraciques et claviculaires. Ces exercices tiennent une place importante car ils doivent permettre de trouver l'enracinement, le souffle, la mise en circulation de l'énergie, le relâchement... (Philippe Colinet)
photos du site de Philippe Colinet
Ce qui est enseigné en premier, ce sont des séquences de mouvements impliquant des pas : Chuvatu, postures : Vadivu, sauts et tours, comme des chorégraphies qui permettent de développer force, souplesse, équilibre, rapidité, efficacité des enchaînements et endurance. On en compte une douzaine de base appelées Adavus (le même nom est donné dans les pas de base des danses du sud de l’Inde comme le Baratha-nathyam). Lorsque les élèves réalisent ensemble cette performance, les instructions sont données au fur et à mesure oralement par le guru, on appelle cela Vaaithaari (de Vaai, « bouche », et Thaari, « mots prononcés »)
(Merakerala)
Témoignages et impressions
* Jérôme Froment (ici dans la posture de l’Éléphant) a été élève de Philippe Colinet durant 5 ans à Paris photo du site de Philippe Colinet |
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« Le prof nous montre des traversées. Nous devons alterner différentes postures d'animaux : les terrestres (Serpent, Éléphant...) et les aériens (Paon). On s'inspire des mouvements primitifs de l'Homme que les animaux ont conservé afin de faire fonctionner les muscles profonds trop peu sollicités dans la vie quotidienne. Je me contorsionne en une fente improvisée, une jambe tendue, l'autre fléchie devant, un bras derrière la nuque, l'autre à terre. Les postures semblent donc a priori compliquées. Le professeur nous invite à reproduire les postures une par une, face au miroir : « Chacun a son animal de prédilection, il suffit simplement de le trouver ». Et il est vrai que je me sens plus Chat ou Paon qu'Éléphant... Enfin, nous récapitulons sous la forme d'une chorégraphie relativement esthétique pour des néophytes. En plus d'être bénéfique à notre structure musculaire, la pratique du Kalari proche de celle du yoga et de la méditation sollicite également notre part spirituelle. » Source sur Plurielles.fr : J'ai testé pour vous le Kalari (Pauline Chanu, 13/07/2012)
[Ainsi] Amusant mais efficace, le Kalaripayatt entretient la tonicité et la souplesse. Philippe Colinet, qui l’enseigne depuis 5 ans, garantit par ailleurs qu’il rend « léger et joyeux ». [D’ailleurs] cet enseignement du Kalari-yoga des animaux est particulièrement intéressant pour éveiller les enfants dès l'âge de huit ans et cela dans un esprit ludique.
Un autre témoignage : Fais comme l’Oiseau |
Test "Kalari"
« Pour ce test, Lucile (Woodward, coach sportif) vous emmène découvrir un cours pas comme les autres, basé sur le comportement des animaux ! Le Kalari est un art martial indien qui va développer votre équilibre, concentration, souplesse tout en tonifiant votre silhouette. Éléphant, Cobra (Serpent) ou encore Lion : Lucile a réveillé pour vous, dans ce test, son esprit animal. »
Avec comme professeur de Kalaripayatt Jérôme Froment. Une vidéo intéressante de Doctissimo, bien que je trouve Lucile pas totalement investie dans sa pratique... En revanche, Jérôme est parfait... Je l’aimerais avoir comme prof ! À noter que le plus agaçant, comme souvent, c’est cette maudite pub du début, mais prendre son mal en patience sera la toute première leçon, non ?...
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Animaux martiaux en revue
Les premiers maîtres de Kalaripayatt, les Asans, observèrent attentivement les attitudes offensives et défensives des bêtes de la jungle. Par de nombreux mouvements et postures, cet art martial fait corps et âme avec l’esprit animal. Puissant exercice psychophysique aux frontières du chamanisme, chaque posture animale permet à l’adepte du Kalaripayatt d’intérioriser les traits physiques spécifiques de l’animal en question afin de mieux travailler son propre corps. |
Poisson-Combattant, agressif mais si gracieux !
par Visarute Angkatavanich (Bangkok - Thaïlande)
Éléphant Gaja-vadivu : force terrestre, enracinement...
L'Éléphant combat souvent en tournant le dos à son adversaire...
photographie de Greg du Toit, primée au Wildlife-photographer 2013 |
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À tout seigneur, tout honneur... Puisque ce gros Animal m’a permis de découvrir le Kalaripayatt, je commencerai par lui. Mais peut-être y a t-il un ordre à respecter ? Ça, je ne l’ai pas noté lors de mes recherches... Nous avons déjà vu sa posture dans l’article Accroupis ! *... * voir aussi Équilibre, équilibreset Guerrières ! |
Partant d’une posture debout pieds joints, dans un mouvement ample et souple du bassin et des bras, l’élève arrive dans une position mi-assise mi-accroupie, où ses deux avant-bras sont joints devant lui, la tête droite, le regard fixé vers l’horizon.
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Dans la pratique martiale, la pose est plus basse, les cuisses et le tronc quasiment à l’horizontale... Vous remarquerez que les mains ne sont pas jointes en ‘prière’, mais avec les doigts repliés, phalangine contre phalangine. Les pouces gardent la même position, tendus vers la racine du nez. |
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Cette posture permet d’étirer son dos, de travailler puissance et stabilité.
Chat Maarjaara-vadivu (ou Marjara-Vadivu)
Cette posture évoque la méditation et le calme, l’élève semble léviter...
Yin-Yang... en hiver comme en été |
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merakerala |
La position des jambes ressemble un peu à celle du ‘Cheval’ (Vatayanâsana)
... ou à une Fente genou à terre ...
sauf que la jambe au sol est repliée sur le côté et non derrière soi.
Marjara-Vadivu, quant à lui, les sort, prêt à griffer... |
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Peu de ressemblance, donc, avec notre ‘Chat’ yogique Marjari (Mârjârâsana) ! qui peut permettre un bon exercice respiratoire combiné à l'assouplissement du dos.
Lion Simha-vadivu Quand on parle du Lion...
Lion martial Le Lion s'immobilise un moment avant l'attaque, penche la tête et lève la patte avant...
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merakerala
Cette posture ressemble davantage à une figure de Kung Fu. Elle permet de travailler l’ouverture des hanches, la vitesse et la majesté du geste. L’élève semble prêt à attaquer. Le Lion yogique En Yoga, le Lion Simha se contente de rugir ! |
En fait Simhâsana (Posture du Lion) dans ses différentes versions, est une posture de détente (déstresse) ; elle est importante contre maux de gorge (arrière-gorge nettoyée, amygdales purifiées) et problèmes de sinus, et opère un massage du larynx (ouïe améliorée, équilibre général raffermi) ; ces techniques font travailler les muscles de la face, fortifie ceux du cou et aide à soulager la fatigue oculaire.
« Comme dit le dicton “Mars en courroux finit tout doux" (Mars commence comme un lion et se termine comme un agneau), car ce mois débute habituellement dans le dur et le mordant, mais s’achève doux et agréable...
Pourquoi ne pas le célébrer avec la posture du Lion ? Cette âsana tire son nom de ce que la bouche ouverte et la langue tirée évoquent la face d’un lion rugissant [Roaring Lion]
C’est une de ces postures que je pratique toujours lors d’une nouvelle classe pour briser la glace et pour montrer que le Yoga n’est pas à être ennuyeux. La vie est gaie et ainsi est le Yoga ! » *
* textes (traduction) et photos (animations) : 'Spirit Animals & Asanas’, 2nd Star To The Right Yoga Blog
Le Lion rugissant
"Roaring Lion" *
S’asseoir confortablement.
Prendre une profonde respiration complète puis amener les mains refermées en poings près des oreilles.
Cliquez pour animer ! |
Sur la prochaine expiration, se pencher légèrement en avant, écarter les doigts et étirer tous les muscles du visage, yeux grand ouverts. Tirer la langue dans une expiration bruyante. Reprendre quelques fois. « J’aime associer le "Lion" et la "Face de Citron" (ou "de Pruneau") » * voir Une petite relaxation-détente initiale et La Gym-visage du Yogi Inspirer et fermer fortement les yeux. Fermer les mains en serrant les poings, lever les épaules et rétracter les muscles faciaux. Expirer comme dans le Lion. |
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Le Paon
Wolf Ademeit
« La côte de Malabar (hé oui, le mot malabar nous vient de là : de cette Côte de Malabar, où ils avaient un minuscule comptoir, Mahé, les Français ont ramené cette expression, car les Kéralais sont forts, très forts !) qui part du haut du Kérala, jusqu'au Cap Comorin, l'extrême pointe de l'Inde, a toujours été séparée du reste de l'Inde par les montagnes des Ghats occidentaux [1]. C'est pourquoi très tôt, les habitants du Malabar furent-ils en contact avec d'autres peuples venus de la mer. On a retrouvé trace de colonies phéniciennes ; des piliers de bois de teck en provenance des Indes furent découverts en Mésopotamie ; les Juifs du roi Salomon [2] connaissaient les habitants de Malabar -le mot tamoul tokai (paon), est devenu tuki en hébreu- ; et de nombreux voyageurs romains et grecs, tel Pline l'Ancien [3], ont laissé des descriptions très précises de la côte Malabar. Vasco de Gama [4] ne fit donc que « redécouvrir » un territoire que le monde ancien connaissait déjà depuis fort longtemps » (François Gautier)
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[1] Les Ghats occidentaux ou Sahyadrī sont une chaîne de montagne ; ils bordent le plateau du Deccan dans l'Ouest de l'Inde -à l'opposé des Ghats orientaux-, et le séparent de l'étroite plaine côtière de la mer d'Arabie. (Wikipédia) |
[2] Salomon : roi d'Israël selon la Bible hébraïque (royaume regroupant les douze tribus d'Israël : Royaume-uni de Juda et d'Israël) de -970 à -931 (selon la chronologie biblique usuelle ; comme de nombreuses dates concernant les personnages bibliques de cette époque, celles-ci sont approximatives et peuvent faire l'objet de débats entre exégètes) et un prophète et un roi selon le Coran. (Wikipédia)
[3] Pline l'Ancien, né en 23 et décédé en 79 (56 ans), est l'auteur de "l'Histoire naturelle" (Naturalis Historia) publiée vers 77, une œuvre en prose de 37 livres. Il souhaitait compiler le plus grand nombre possible d’informations et de culture générale indispensables à l’homme romain cultivé...
[4] Vasco de Gama était un navigateur portugais, né vers 1460-1469 et décédé en 1524 (donc entre 55 et 64 ans)
Ce Paon aérien n’a rien à voir avec notre Paon 'yogique' qui fortifie les poignets ! Il ressemble plutôt à cette ‘Guerrière III’ ... ou à Natarajâsana En fait, c'est donc une posture qui entretient l'équilibre et la légèreté... |
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Le Poisson
photographie de Alex Tattersall, primée au Wildlife-photographer 2013
Le Poisson Matsya-vadivu ne ressemble pas à notre 'Poisson' du Yoga, Matsyâsana, mais a une certaine ressemblance avec la posture précédente, Natarajâsana, ou avec cette 'Guerrière III' Tuladandâsana : ... sauf qu'il n'y a qu'un seul bras en avant. |
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Tuladandâsana est une posture essentiellement d'équilibre (qu’elle développe) qui affine les jambes, allonge la musculature, renforce dos et jambes en souplesse et fermeté.
Matsyâsana « Le Poisson » se pratique après des exercices comme Sarvangâsana (la Chandelle, que tout le monde connaît !) en tant que contre-posture : elle ouvre la poitrine, comprimée lors de la prise de Sarvangâsana et permet une respiration profonde. C'est le moment de profiter au maximum d'une bonne respiration thoracique !
Soulage les raideurs dans la nuque, tonifie les nerfs du cou et du dos et augmente la capacité des poumons. La posture accomplie s'exécute en Lotus, les mains attrapant les orteils.
Mais il existe bien des intermédiaires entre cette dernière et celle de ci-dessous, posture de base.
mimétisme postural - Yoga du Monde
Yoga, Kalaripayatt et Kung-fu *
* Voir Les couleurs du Yoga (Série Accueil) et Kung-fu : repères d'Animaux martiaux (Série YogAZ)
Le Cheval
si tu me cherches, tu me trouveras !
Des chevaux sur les parois de la Grotte de Chauvet (Ardèche). |
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Selon moi, le Cheval est l’un des Animaux les plus représentatifs des Arts martiaux, de par sa longue chevauchée aux côtés de l’Homme-Guerrier depuis des temps immémoriaux... En tant que monture, mais aussi de... gibier...
En tant qu’Animal, mais aussi tout ce qui l’évoque (Cavalier, Fentes...), il est, entre autres visages et postures, le chorégraphe Aswa-vadivu du Kalaripayatt, l’équilibriste Vatayanâsana ou le purificateur Ashvini-mudrâ du Yoga [1], le stable Cavalier Ma-bu du Kung-fu [2]... Un espace lui sera réservé dans la série en préparation, ‘Guerrières’, avec les Chevaliers et autres Archers... [1] Voir Les Chevaux du Yogi (Kriya, mudrâ...) |
Le Cheval Ashva-Vadivu, à la démarche puissante, travaille l’attention, l’extension et la volonté d’aller de l’avant.
Comme vous avez pu le remarquer, les "postures" de Kalaripayatt décrites, notamment le Lion Simha-vadivu, ne correspondent pas toujours à l’image et vice versa. C’est que le "Kalari", Danse martiale, est avant tout mouvance : les postures en constituent la chorégraphie, toujours en mouvement. Ce qui explique des différences de gestes pour une même posture.
Le Yoga, en dehors des poses dites "statiques", propices à la méditation, inclut également des enchaînements, les Salutations, les diverses versions du Chat, etc., et des enchaînements plus personnels comme par exemple une série d’équilibres que l’on veut travailler et que l’on met en scène ou des séries de postures "en dynamique" pour étudier et éprouver les effets de tel geste...
L’un des buts du Yoga est de ne pas prendre d’élan, mais d’aller dans la posture, détendu, sans forcer et avec contrôle, comme par exemple se mettre "debout sur les mains" sans se lancer en disant "1, 2, 3 !".
Dans le Kalaripayatt, il n’y a apparemment pas non plus de notion "d’élan" mais d’entraînement des réflexes, tout en souplesse, vivacité et précision.
Pour d’autres mythes se rapportant aux Chevaux, voir aussi : Animaux spirituels et célestes – Les Chevaux du Yogi
Coq Kerkhuda-vadivu (ou Kukkuvadivu)
Encore une posture différente du Yoga et qui présente différents visages...
Coq wallon
estampe japonaise sur papier |
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Une posture d’équilibre en souplesse... ... la jambe s’élance vers le ciel...
![]() Mathieu le Moal (indereunion.net) ... les bras s’écartent, les doigts se font griffes, la jambe se replie : attention, attaque imminente ! |
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Vous remarquerez la position des bras et mains croisés devant soi dans certaines postures (Lion, Cheval, Coq...) prêts à s’ouvrir "en griffes" ou vers le ciel.
Le Coq du Kung-fu, quant à lui, se sert de son "bec" (les doigts joints en pointe) pour combattre...
![]() |
Le Coq d'Or du Qi-gong est aussi un équilibre debout, mais il travaille "gentiment sur une patte" pour assurer l'égalité entre la partie haute et la partie inférieure du corps, entre la D et la G. |
Le Coq Kokudâsana de notre Yoga est aussi une posture d'équilibre mais... sur les mains. Comme le Paon "yogique", cette pose fortifie les poignets |
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Le Serpent : l’ondulation terrestre. |
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Robin Moore |
Quand le Serpent prend la mouche, il se bat de bas en haut et mord de haut en bas... |
origami de Matthieu Georger |
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Ce n’est pas la vivacité du geste ni la technique de son combat, comme dans le Kalaripayatt ou le Kung-fu, qui intéressent le Yogi, mais l’esthétique de la pose alliée à des bienfaits pour le corps. Nous avons ainsi, en Yoga, le Serpent et bien sûr notre célèbre Cobra, qui se déclinent en différentes variantes, trop nombreuses pour être développées ici, et que nous verrons dans un article consacré aux "cambrures" |
Nous avons néanmoins vu le Serpent Sarpâsana (il "ouvre" le thorax) ou le Cobra
Bhujangâsana -que nous avons également évoqué dans la Salutation au Soleil avec son mouvement de reptation- en tant que postures soutenant la respiration thoracique ou le Sphinx
ou demi-Cobra ardha-Bhujangâsana, pour les respirations thoracique et claviculaire (sous-clavière) et qui propose un Cobra plus doux et reposant...
Tandis que l'esthétique Cobra royal Raja-Bhujangâsana est l'objet de discussions sur ses "dangers", en raison de sa forte popularité (trop médiatisé, il est assurément mal compris)...
Bienfaits globaux de ces postures en cambrure, profitables au système nerveux entier
- Contraction des muscles dorsaux (région lombaire), tonification des muscles dorsaux et abdominaux (ceinture), colonne vertébrale assouplie.
- Les muscles droits de l'abdomen sont tendus et le sang, propulsé vers l'épine dorsale, afflue vers les reins dès l'abandon de la posture.
- Stimulation de la sécrétion des glandes thyroïde et surrénales (adrénaline, hormone du dynamisme)
- En phase statique, un massage de la respiration profonde qui combat la constipation, aide foie, vésicule biliaire, rate, pancréas et les reins (qui bénéficient pleinement du Cobra)
Contre-indication. Les hyper-thyroïdiens devraient momentanément renoncer à l'exécution de ces exercices.
Un autre "demi-Cobra" s’exécute ainsi dans l'une de ses variantes et est aussi appelé : la Jambe fendue (Anjaneyâsana)
Chez le Serpent, l’incubation n’excède pas les 7 mois... |
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Enfin, ne restons pas sans évoquer la Kundalini, ce "Serpent" lové au bas de notre colonne vertébrale, qui ne demande qu’à s’élever, comme la figure emblématique du Caducée...
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Le Sanglier solitaire
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Je ne l’ai retrouvé que dans le Kalaripayatt et n’ai malheureusement pas beaucoup d’informations à son sujet. Et j’ai attrapé la photo de la posture par hasard ! Mais un bel exemple... |
Remarquez la position basse du corps, celle des bras, à la fois défensive (protection avec l’avant-bras gauche) et potentiellement offensive (les poings sont en alerte !).
La jambe gauche, en arrière avec le pied sur les orteils, semble prête à la détente, tandis que la droite, vers l'avant, avec son pied ouvert vers l’extérieur, assure la stabilité.
Yoga, Kung-fu et autres Animaux
On retrouve ces Animaux dans la pratique du Yoga et du Kung-fu (voir Kung-fu : repères d’Animaux martiaux) mais je ne les ai pas repérés avec le Kalaripayat.
En Yoga, nous les avons presque tous passés en revue, sauf le Singe -ou un peu sur le plan du "mental" dans Pré... méditation (Hanumân) et dans Équilibre, équilibres (posture du Héros Virabadrâsana)- si riche en symboliques comme autant de ses mimiques et grimaces...
Trop "long" pour être évoqué ici, j’y reviendrai dans un prochain article.
Retrouvez...
Aigle, Grue, Héron : Les Oiseaux par monts et par vaux
Chien : Le Chien et les siens, où l'on retrouve le Dauphin, le Chameau, le Lièvre (pour la préparation aux postures sur la Tête) et la "respiration du petit Chien" (indispensable pour ‘accoucher sans douleur’ et comme exercice pour maîtriser sa respiration et le débit de l'air)...
le Chien museau face au Ciel Urdhva-mukha-svanâsana, est une des variantes du Cobra
Tigre : Le Chat dans tous ses états
la posture du Tigre Vyâghrâsana, l'enchaînement de la "Tête au genou"
Nous voilà arrivés à une escale de ce long périple. ... D'autres voyages nous attendent. L'histoire sans fin...
À bientôt ! |
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Voir Série YOGANIMAL Sites d'intérêtDanseuse de formation, Cécile Gordon (yogayurvedique@gmail.com) fut initiée en 1983 au Kalarippayat par le Maître Govindan Kutty Naïr qui lui a généreusement dispensé son enseignement en Inde au C.V.N. Kalari de Trivandrum. Voici les coordonnées de son Association : |