Info Samourai – Rōnin
Page créée le 15 mars 2023
Les rōnins
"Un samouraï sans maître c'est un Rônin"
Le terme Rōnin (浪人 "homme vague" ou "homme prison") daterait de l’époque de Nara (710-794) et aurait alors désigné ceux qui désertaient leurs maîtres, qu'il s'agisse de guerriers ou de serfs.
Les rônins combattaient pour leurs idéaux
Un "Rônin" peut donc être, dans le Japon ancien, un Samouraï "sans maître", soit parce qu'il a été exclu du clan (qui le déclare alors hamon, une sorte de "hors-la-loi") à cause de ses propres fautes, soit après la mort de son seigneur ou par suite de la destruction de la famille de son seigneur (défaite militaire ou disgrâce impériale). Son homologue chinois est le "Wu Hsia", sorte de Robin des Bois dans de nombreuses histoires plus ou moins légendaires, les Wu Hsia Hsiao Shuo). On leur associait souvent l’image du "preux chevalier".
Forts et insaisissables, jalousés pour leur liberté et craints pour leur valeur, tels sont les "Rônins", héros de nombreux romans de geste au Japon comme en Chine, en dépit du mépris et de la discrimination de samouraïs, qui jalousaient probablement leur grande liberté personnelle. Les rônins étaient pourtant respectés par les basses classes, qui se méfiaient toutefois d'eux : de nombreux récits content l’histoire d’un rônin châtiant d’arrogants samouraïs qui tyrannisaient un village. Dans d’autres histoires, les villageois louaient leurs services pour se défendre contre des bandits.
Voir aussi Héraut – Héros et récits
Après la période Sengoku (1467-1568), l’image des samouraïs se dégrada, et ils furent considérés comme des mercenaires à la solde de leurs maîtres. À cette époque le nombre de rônins commença à augmenter. Mais c’est surtout lors de l’ère Edo (1600-1868) que le nombre de rônins crût fortement : le shogunat avait en effet mis en place un système rigide qui interdisait aux samouraïs de changer de maître, de se marier hors de leur "clan", ou d’avoir des occupations extérieures au clan sans la permission de leur ancien maître alors que les règles étaient beaucoup plus flexibles sous les régimes précédents. De fait, la mort ou la ruine de son maître rendait presque impossible au samouraï d’en trouver un autre et le forçait à devenir rônin.
Ainsi libéré de sa parole et de son devoir, portant sur lui sa seule fortune (ses armes), il devenait chevalier errant (littéralement "de la vague"). Mais certains, ayant des difficultés à accepter leur nouvelle position sociale après la perte de leur fief, tentaient de se rebeller, quitte à se tourner vers le banditisme de grand chemin. Se lançant sur les routes, il pouvait aussi devenir redresseur de torts au service des plus faibles, ou prêtre bouddhiste errant vivant d’aumônes. Certains rônins se forgèrent une réputation et s’attirèrent le respect de tous. C’est notamment le cas de Miyamoto Musashi qui devint la personnification du mythe du samouraï errant qui va de ville en ville pour affûter sa technique.
Pour ce qui est de la "mobilité sociale", de "la probabilité pour un samurai pauvre de devenir cultivateur" (le cas est évoqué dans le Musashi de Yoshikawa *), il faut savoir que la plupart des rônins se tournaient vers des métiers plus humbles en devenant fermiers. Tout un tas de samouraïs ont été "déclassés" sous Hideyoshi (1537-1598) et Ieyasu (1543-1616). Avant cela un grand nombre de guerriers sont des cultivateurs (dont les fameux ashigarus)
* "Romanisation" en 2 tomes de la vie de Miyamoto Musashi par Eiji Yoshikawa : "La Pierre et le Sabre" suivi de "La Parfaite Lumière". Il s'agit d'une version fortement romancée, pas d'une biographie fidèle.
Le samouraï au cours de sa vie pouvait partir sept fois pendant une mission de "vagabondage" d’un an au cours de laquelle il vivait comme un rônin avant de revenir servir son maître. Néanmoins, un samouraï devenait plus souvent rônin en raison de circonstances indépendantes de sa volonté que parce qu’il aspirait véritablement à cette situation.
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Sources et pour en savoir plus
Jérémy n'est pas d'accord
et rebondit à propos de la vidéo dans À propos du dernier Samouraï
Il faut voir la chose au niveau du rang social. Un samouraï est un samouraï parce qu'il a un maître (daimyō, shogun...). Une fois que le maître n'est plus, soit mort, soit qu'il a désavoué ledit samouraï, au mieux celui-ci a la chance de se faire seppuku (suicide par éventrement) dont seul son ancien maître peut l'y autoriser, soit ce samouraï est exécuté sommairement et sinon dans le pire des cas pour lui, il devient un "Rônin", ce que le raccourci tendrait à appeler un "samouraï sans maître" (mais nous savons tous où mènent les raccourcis).
Pour en revenir à ce guerrier, comme celui-ci a perdu son statut/titre assez haut dans la société féodale japonaise et gagne si l'on peut dire un rang "Rônin" plus misérable que cette classe similaire aux intouchables en Inde qui effectuaient les taches dites déshonorantes (tanneurs, croquemorts, etc.). On ne peut pas l'appeler "samouraï sans maître", c'est un non-sens. Il y a samouraï et rônin mais pas les deux en même temps. C'est important de le souligner. Le Rônin super héroïque qui réussit à retrouver son statut de Samouraï en libérant la princesse, ça n'existe même pas en film, généralement soit le héros meurt dans son dernier combat soit il finit criblé de flèches et ainsi préserve l'honneur d'une famille qui a dû être aidée par un rônin.
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Documentation
Hagakure, comment supporter des temps misérables
Kyudo ou la voie de l'arc (Japon)
Les 47 rônins à la lumière de la Fin de l’Histoire (Dedefensa) [archive] [PDF]
Samourai – Femmes (Les onna-bugeishas)
Une brève histoire des kamikazes
Liens externes pour quelques repères historiques
24/09/1877 la bataille de Shiroyama sonne la fin des samouraïs (Cultur'easy) [archive]
Histoire du Matsumoto-jō (Onsen et Futon) [archive]
Collection de Kiaz
Entraînement paramilitaire au Japon (partie 1)
L’épopée Jules Brunet (partie 4) [voir aussi À propos du dernier Samouraï]
L’émergence du sport au Japon (partie 6)
Kata d’hier et d’aujourd’hui, même combat ? (partie 7)