Vishnou
Par Yantra dans YogAum ! le 26 avril 2014 -- Achive du 01/03/2021
Vishnou Voici un Dieu populaire, très connu des Occidentaux, du moins en surface. Que sait-on de lui au juste, à part ces belles icones colorées ; pourquoi a-t-il autant de bras ? Quels sont ses place et rôle dans le panthéon hindou ? Etc. En somme, on ne sait pas grand chose de profond à son sujet. Je propose donc d'entrer un peu plus dans son univers, de découvrir sa personnalité, ses talents... |
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-- Autres noms : Hari - Venkateswara - Perumale - Narayana - Srinivasa - Purushottama |
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Vishnou (ou Vishnu, Vichnou - sanskrit विष्णु / Viṣṇu - tamoul விஷ்ணு) est le dieu de la stabilité du monde, il entretient la vie et la création. Il est difficile de dater précisément l'origine du culte de Vishnou. Dans les Védas, Vishnou n'est encore qu'une divinité mineure, associée à Indra, alors que Varuna, Mitra et Aryaman sont les premières divinités majeures auxquelles succéderont Vayu, Agni et Surya. C'est plus tard dans l'histoire hindoue qu'il est devenu le deuxième dieu de la Trimurti (ou Trimourti, également appelée la « trinité hindoue »), avec Brahma et Shiva et par conséquent l'une des divinités les plus importantes de cette religion. Identifié au Brahmane, Vishnou est souvent associé à Prajapati, tous les deux ayant des fonctions similaires. |
Son épouse et parèdre est Lakshmi, mais la Terre, Bhūmi ou Bhû Devi, est parfois considérée également comme son épouse. Vishnou la sauva en effet des eaux sous son avatar de Varâha (n° 3, le Sanglier).
Ses liens matrimoniaux lient le dieu à la royauté, la Terre -Bhūmi- et la fortune -Lakshmi- étant les deux principes attachés au roi. En effet, un des termes pour désigner le roi en sanskrit est bhūpati, ce qui peut signifier « maître » ou « époux » de la Terre, le terme pati étant ambivalent.
La mitre dont il est coiffé confirme cette fonction royale et démontre que dans l'hindouisme post-védique, même si Indra possède toujours le titre de roi des dieux, c'est de fait Vishnou qui opère vraiment cette fonction. Cette prééminence est d'ailleurs confirmée par de nombreux mythes où Vishnou ou un de ses avatars humilie Indra. C'est notamment le cas dans l'épisode de Krishna soulevant le mont Govardhana.
Son véhicule est un oiseau rapide, Garuda, qui peut étendre la connaissance Vedic avec le grand courage. La couleur sombre de Vishnou représente l'éther passif et informe, une grande qualité pour un dieu de pénétration. Vishnou est généralement représenté assis ou se reposant sur un lotus posé sur le puissant Serpent aux mille têtes enroulé, Seshanag, ou Ananta * (qui représente l'univers endormi), Brahma sortant de son nombril. |
Vishnou assis sur Ananta, |
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* Ananta appelé aussi Shesha en (devanagari : शेष) ou Adishesha, est un Serpent (nâga) de la mythologie de l'hindouisme [1], aux têtes multiples, au nombre de mille. Références Source : Wikipédia - Voir aussi : Crocodile et les Torsions 5/5 |
On voit souvent Vishnou en train de dormir. Mais dans son sommeil, il prépare le prochain monde. |
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Statue de Vishnou, |
Les attributs de la divinité ou mûrti Le dieu conservateur de la Trinité a quatre mains : - dans la première il tient une coquille de conque (Shankha, IAST -International Alphabet of Sanskrit Transliteration- : śaṅkha) ; symbole de la création, elle vient de l'Océan primordial, sa spirale interne exprime l'expansion, le son qu'elle produit est l'image du son divin primordial, l'indication de la diffusion du Om ; - de sa deuxième main, le disque (Chakra) Sudarshana -agréable à regarder- qui comporte six rayons comme les six pétales de la fleur de Lotus ; rappel de la roue de temps, il symbolise la puissance de l'esprit et le fait de mener une bonne vie ; - le lotus (Padma) qui symbolise le déploiement de la création, mais aussi la pureté et la vérité, une existence glorieuse ; - et de sa quatrième main il tient un maquis, ou massue (Gada), l'indication du pouvoir de la connaissance (dont dérivent tous les autres, physiques ou mentaux) et la capacité de punition si la discipline dans la vie est ignorée : c'est donc aussi le fléau de Vishnou qui, menaçant, rappelle qu'il faut suivre le chemin de la spiritualité, et non celui de l'attrait matériel. |
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Mais encore... - L'arc, l'instrument qui lance des sondes d'intuition au sein de l'illusion. - Les flèches et le carquois, le pouvoir des sens et la réserve du pouvoir d'agir. - Le joyau Trésor-de-l'Océan ou Kaustubha, qui brille à la poitrine du dieu, la conscience universelle composée des consciences de tous les êtres. - La touffe de poils Cher-à-la-fortune ou Shrî-vatsa, situé au-dessus du sein gauche du dieu, représente tout ce dont jouit la conscience. - La Guirlande-de-la-forêt ou vana-mâlâ est l'image de Mâyâ, l'illusion. - Les deux boucles d'oreilles qui représentent les deux chemins de connaissance, sâmkhya, intellectuelle et yoga, intuitive. Elles ont la forme de Makara, un monstre marin. - Les bracelets qui symbolisent les trois buts de la vie : la perfection de soi, le succès, le plaisir. - La couronne, la réalité inconnaissable. - Le voile jaune ou pîtâmbara porté autour de la taille représente les Vedas. - Le cordon sacré, composé de trois brins, les trois lettres de la syllabe AUM. - Le char, le mental est son pouvoir d'action sur le monde. - La couleur sombre, couleur de l'Immanence, de la substance de l'espace. - Le chasse-mouches, symbole du dharma - L'éventail représente le sacrifice, il sert à attiser les flammes. - Le fanion - Le parasol, symbole de la royauté du dieu, sa hampe est l'axe du monde, le mont Meru. - L'épée et le fourreau, le savoir et le non-savoir qui le recouvre... Remarque : l'or représente la richesse et la fortune, quelque chose que Vishnou n'a jamais utilisé. |
Avatars Selon la tradition, Vishnou a pour mission de préserver l'ordre du monde. Il s'incarne régulièrement, pour descendre sur Terre sous forme d'un avatar, lorsque le monde est perturbé, menacé par le chaos. |
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Les textes sacrés (Bhagavad-Gita)
Porte de temple, à Goa, |
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1. Matsya, le Poisson, qui sauva le monde du déluge et qui récupéra les 4 Védas au fond de l'océan. 2. Kurma, la Tortue, qui souleva le Mont Mandara au milieu de l'océan avec sa carapace pour que les divinités puissent s'asseoir dessus et ainsi récupérer le nectar de l'immortalité. 3. Varâha, le Sanglier, qui, pendant 1000 ans, combattit le démon Hiranyaksha qui avait plongé la déesse de la Terre, Prithivi, au fond de l'océan. 4. Narasimha, l'Homme-Lion (Nara = homme, simha = lion), qui débarrassa le monde du démon Hiranyakashipu. Brahma, séduit par les offrandes de ce dernier, lui avait accordé l'invulnérabilité. Il ne pouvait être tué ni par un homme, ni par un animal. C'est donc sous une forme mi-humaine, mi-animale que Vishnou se manifesta. Ces quatre réincarnations forment les avatars du premier âge. Les trois réincarnations suivantes forment les avatars du deuxième âge. 5. Vamana, le Nain, qui vainquit le démon Bali qui avait réussi à prendre le contrôle des trois sphères grâce au stratagème du trivikrama (trois pas) et ainsi Vamana sauva le monde. 6. Parashurama (Parashu-Rama, Rama à la hache), première incarnation humaine de Vishnou, défenseur de la caste des Brahmanes, qui aurait combattu la caste des Kshatriya à cinq reprises, remplissant cinq lacs avec leur sang. 7. Râma, héros du Ramayana et fils de Dashrata, roi d'Ayodhya, qui combattit le tyran Ravana avec l'aide du dieu-Singe Hanuman et devint un souverain exemplaire après 14 ans d'exil. Enfin, les trois dernières réincarnations forment les avatars du troisième âge. 8. Krishna (signification : « obscurité » ou « noir ») 9. Siddhartha Gautama, Bouddha ; quelques versions considèrent que Balarâma, grand frère de Krishna, est le neuvième avatar. L'intégration de Bouddha dans le panthéon hindou est apparue assez tardivement, probablement au VIIIe siècle comme une expression de la contre-réforme brahmanique au bouddhisme, entamée au IIe siècle av. J.-C. (voir mythologie bouddhiste) 10. Kalkî (« temps ») est une figure apocalyptique. C'est irrémédiablement l'incarnation « à venir » : cet avatar qui n'existe donc pas encore (car il apparaîtra à la fin de l'âge de fer) anéantira l'épée à la main sur son destrier blanc, les méchants et rétablira le Dharma. |
Bibliographie général - Encyclopédie Universalis. Inde, hindouisme, Vishnou - La mythologie indienne, de Jean-Charles Blanc (Actes Sud Junior, 2011)
- Mythes et dieux de l'Inde, Alain Daniélou (Champs Flammarion, 1992) - Mythologie Hindoue, de F. Miller, A. Vandome et J. McBrewster (Alphascript Publishing, 2010) |