• 2-Belladone Atropa belladonna

    Page créée le 03 mars 2023

    Belladone

    Atropa belladonna

    La Belladone Atropa belladonna est une plante herbacée vivace de la famille des Solanacées, originaire d'Europe, Asie et Afrique du Nord.

    Belladone Atropa belladonna Feuilles, fleurs et fruits (Jardinage LeMonde)

    Présentation de la belladone

    La Belladone est parfois désignée par divers noms vernaculaires : "Belle cerise", "Bouton noir", "Guigne de côte", "Mandragore baccifère" (= qui porte des baies), "Morelle marine", "Permenton"1,2. Comme elle est bien connue comme poison, ses autres noms sont suffisamment évocateurs : "Herbe au diable" ou "Herbe empoisonnée, "Empoisonneuse", "Cerise du diable" ou "Cerise empoisonnée", "Morelle furieuse" ou "Morelle perverse" (Deadly nightshade chez les Anglais). On l’appelle également "Belle-dame" (bella done) sans doute pour ses propriétés mydriatiques qui amenaient les femmes de Venise à s’en servir pour dilater leurs pupilles et rendre l’œil brillant ! ... ouf !

    Cette plante peut se révéler très toxique, ses baies noires contenant de l'atropine3, substance active sur le système nerveux du fait de ses propriétés anticholinergiques4. Les ophtalmologues l'utilisaient au XIXe - courant XXe siècle pour dilater la pupille lors d'un examen des yeux.

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    Notes de Wikipédia

    1. Jean-Claude Rameau, Dominique Mansion et Gérard Dumé, Flore forestière française : guide écologique illustré, t.1 : Plaines et collines, Paris, Institut pour le développement forestier, 1er/01/1989 (ISBN 2-904740-16-3 et 978-2904740169) présentation et lire (p.879) en ligne.

    2. "La Belle Empoisonneuse" La Hulotte nos 33-34,‎ 2015 (pp 60-72)

    3. L'atropine est un alcaloïde tropanique présent dans diverses plantes de la famille des Solanaceæ, comme la belladone, le datura, la jusquiame et la mandragore. Elle est souvent utilisée en tant qu'antidote de certains gaz de combat neurotoxiques comme le VX ou le gaz sarin. Article détaillé : Atropine.

    4. Un agent anticholinergique dit aussi atropinique est une substance appartenant à une classe pharmacologique de composés qui servent à réduire les effets où l'acétylcholine joue le rôle de neuromédiateur dans le système nerveux central et le système nerveux périphérique. L'acétylcholine étant le principal neuromédiateur du système nerveux parasympathique, son blocage entraîne une augmentation du tonus sympathique.

    On rencontre Atropa belladonna à l'état sauvage en Afrique du Nord1 et Europe méridionale (dans le Bassin méditerranéen, inégalement répartie en France), en régions alpines3 (en Suisse on la rencontre principalement sur le Plateau et dans le Jura4) et Europe centrale, en zone orientale tempérée et en Asie occidentale (Turquie, Iran, Caucase), mais elle a été cultivée et introduite en dehors de son aire d'origine.

    Dans le sud de la Suède, elle a été enregistrée dans Flora of Skåne en 1870 et cultivée dans des jardins d'apothicaires près de Malmö. En Grande-Bretagne, sur les sols calcaires, les bords des champs, les haies et les forêts claires, il s'agit souvent d'un vestige de culture en tant qu'herbe médicinale.

    Elle est naturalisée dans certaines régions d'Amérique du Nord, où elle se trouve souvent dans l'ombre, les endroits humides avec sol calcaire – elle est de préférence calcicole (sols riches en calcium). Elle est considérée comme une mauvaise herbe dans certaines parties du monde où elle colonise des zones aux sols perturbés *, les clairières de bois humides méso-hydriques, eutrophiles, et neutrophiles.

    * Voir Rudérale (plante) (Lexique "phyto-bota")

    Description

    La belladone est une grande plante vivace à rhizome, robuste et ramifiée. Les tiges sont légèrement velues, de couleur rougeâtre1. Elle peut atteindre jusqu'à 2 m de hauteur2. Son port est dense et très touffu.

    Les feuilles sont entières, larges, ovales pointues (15 sur 8 cm environ), molles et un peu visqueuses, pétiolées. Elles partent par paire du même point avec l’une plus grande que l’autre. Lorsqu’on les froisse, une odeur peu agréable se dégage.

    La floraison débute en juin, mais fleurs et fruits peuvent coexister sur un même pied, d'août à octobre en Europe. À partir de juin et durant tout l’été, donc, s’épanouissent les fleurs hermaphrodites en cloche ou en doigt de gant solitaires, pendantes, brun-rouge, violacées ou parfois jaunes chez les variétés cultivées. L'inflorescence est en cyme multipare. La pollinisation est entomogame (par les insectes).

    Les fleurs donnent naissance à de grosses baies de couleur noir violet et luisantes à maturité, au cœur d’un calice persistant à 5 lobes (forme étoilée avec 5 dents courtes), de la taille d'une petite cerise (sphérique, de 15 à 17 mm de diamètre). La pulpe est juteuse, violacée. Les graines sont nombreuses, du gris au noir selon le degré de maturité, d'un diamètre inférieur au millimètre, avec une surface finement chagrinée (qui a l’apparence du cuir grenu)2. La dissémination des graines est endozoochore (par les animaux) : les graines sont propagées principalement par les oiseaux.

    À noter, il existe une variété assez rare de belladone à fleurs jaunes, dénommée Atropa belladonna var lutea.

    Alors que l’odeur des feuilles est fétide, le goût des baies est doux5, ce qui les rend trompeuses particulièrement auprès des enfants qui peuvent les confondre avec des cerises puisque la taille est sensiblement identique, ou si la belladone se trouve au voisinage de framboisiers sauvages très recherchés2. Ils peuvent aussi aisément confondre les myrtilles et les baies de belladone3. Toutes les parties de la plante sont d'ailleurs très toxiques pour l'humain, mais c'est la baie qui provoque le plus grand nombre d'accidents.

    Confusion dangereuse Prunellier vs Belladone (JPG)

    Voir Prunellier Prunus spinosa

    Voir aussi ces PDF

    Cueillette de baies et petits fruits (livret)

    Cueillette de baies et petits fruits (tableau récapitulatif)

    Une intoxication peut aussi se produire par consommation d'oiseaux ou d'escargots se nourrissant eux-mêmes de feuilles ou fruits de belladone, à laquelle ils sont insensibles2.

    Les effets sont extrêmement violents chez l'humain. Chez l'adulte, 10 à 15 baies ingérées peuvent provoquer la mort, 2 à 3 peuvent entrainer une intoxication grave chez l'enfant2.

    Voir plus bas "Manifestations de l'intoxication à la belladone"

    Les effets de la belladone peuvent différer selon les espèces animales. Chez les mammifères, les lapins, lièvres et rongeurs sont moins sensibles car ils possèdent une atropinase hépatique, une enzyme qui dégrade l'atropine6.

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    Notes de Wikipédia

    1. G.J. Aillaud, Les plantes aromatiques et médicinales, Association Méditerranéenne de Diffusion des Sciences et des Techniques 1986, pp 89-90. Catalogue de l'exposition "Plantes aromatiques et médicinales en Provence".

    2. A.M. Debelmas, Guide des plantes dangereuses, Paris, Maloine 1983 (ISBN 2-224-00933-X) pp 102-104.

    3. Christophe Poupinel entrepreneur privé "Belladone" [archive] sur Ooreka

    4. "Fiche espèce" [archive] sur www.infoflora.ch

    5. https://www.herbes-medicinales.ca/herbes/belladone.html

    6. "Toxicologie des animaux de compagnie" [archive] sur toxivet.free.fr

     

    Belladone et toxicité

    Toutes les plantes ne sont pas inoffensives ou ne possèdent pas que des vertus positives. Certaines possèdent des poisons si puissants qu’elles peuvent rivaliser avec les serpents les plus venimeux.

    Camomille, Mélisse, Menthe, Reine-des-prés... suffisent largement dans notre pharmacopée familiale.

    Toutefois, même parmi celles-ci, certaines revêtent une grande importance dans le domaine médical. Il est évident que les principes actifs qu’elles contiennent doivent être dosés avec une très grande attention et administrés avec la plus grande prudence et sous contrôle médical.

    Vu et en savoir + dans PDF Genévriers - Plantes dangereuses p.9

    Voir aussi Plantes toxiques et sortilèges

    Manifestations de l'intoxication à la belladone

    Troubles digestifs immédiats : nausées, vomissements, avec rejet de débris de baies rouge noirâtre.

    Suivent rapidement des troubles neuro-végétatifs : tachycardie (rythme cardiaque plus rapide que la normale), sécheresse de la peau et des muqueuses, gêne respiratoire et pour avaler, douleurs vulvaires chez la fillette, mydriase (augmentation du diamètre de la pupille) avec troubles de la vision voire cécité complète transitoire. En même temps des troubles neurologiques apparaissent : anxiété, vertiges, délire gai ou furieux, hallucinations étranges et terrifiantes, crises convulsives (A.M. Debelmas "Guide des plantes dangereuses" OP. CIT.)

    Par ailleurs on peut noter une hyperthermie, avec rougeur du cou et de la face, une constipation avec rétention urinaire.

    L'intoxication évolue vers une prostration *, une perte de conscience, un coma calme avec perte des réflexes. La mort peut survenir par paralysie cardio-respiratoire.

    * Du mot latin prostratio "action de se coucher en avant, de s'étendre sur le sol" (pro "en avant" ; sternere "étendre à terre"), la prostration désigne spécifiquement en médecine un état de faiblesse et de fatigue extrêmes (asthénie) qui se manifeste par l'effondrement des fonctions musculaires du patient et par son immobilité. La prostration se rencontre dans certains syndromes (liés au grand froid, à un stress post-traumatiqueetc.), à la phase terminale de certaines maladies, ainsi qu'au cours de diverses affections psychiatriques. Voir Coma.

     

    Belladone et santé

    Propriétés thérapeutiques et usage

    Malgré tout, la belladone, dont on sait aujourd’hui extraire les principes actifs, a des propriétés analgésiques, antispasmodiques, réduisant les secrétions : on l’utilise contre les spasmes de l’appareil digestif, les sueurs des fiévreux, les toux via des médicaments contre l'asthme, antispasmodiques, antitussifs, antalgiques et des collyres destinés à dilater la pupille.

    Autrefois, la plante était utilisée en cataplasmes pour calmer la douleur, ses feuilles servaient à faire des cigarettes contre l’asthme et ses racines permettaient de concocter un vin pour lutter contre la maladie de Parkinson… Elle entrait dans la composition de diverses préparations à visée antispasmodique : troubles fonctionnels du tube digestif et des voies biliaires, en association avec des laxatifs. Cette dernière association, médicalement non rationnelle, était présente dans des "dépuratifs", dont "tout usage prolongé devait se révéler plutôt caustique" selon Pierre Lieutaghi1. Ces dépuratifs étaient encore vendus en pharmacie rurale en Haute-Provence jusque dans les années 19802.

    Les effets psychodysleptiques (halluginogènes) de la belladone et la découverte de nouvelles classes thérapeutiques lui confèrent un mauvais rapport bénéfice-risque pour le traitement de la plupart des affections, ce qui a entraîné sa suppression progressive de nombreuses spécialités pharmaceutiques vers la fin du XXe siècle, et l'abandon de ces spécialités (même sans belladone) au début du XXIe siècle.

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    Notes de Wikipédia

    1. Pierre Lieutaghi "L'herbe qui renouvelle - Un aspect de la médecine traditionnelle en Haute-Provence" Paris Éditions MSH (Maison des sciences de l'homme) - Ministère de la Culture 1986 (ISBN 2-7351-0181-9) p.237 [la pagination est celle de la version papier (et non de la version numérique), elle correspond au chap.6 vers la fin de la section 3.] – cité dans Lexique "Phyto-bota" 

    2. Selon Lieutaghi, ces associations "dépuratives" représentent un détournement abusif d'un savoir traditionnel incompris, exploité par le commerce pharmaceutique du XIXe siècle (pp 237-238).

    La partie utilisée est la feuille qui contient 7% d'eau environ et jusqu'à 15% de matières minérales, et moins de 1% d'alcaloïdes qui sont les principes actifs. Il s'agit de 90 à 95 % d'alcaloïdes atropiniques : hyoscyamine (dont le racémique * est l'atropine) et 5 à 10 % de scopolamine (hyoscine). On trouve aussi des traces de scopolétol (une coumarine), ce qui permet son identification sous ultra-violets (G.J. Aillaud "Les plantes aromatiques et médicinales" OP. CIT.)

    * En chimie, un racémique ou racémate est un mélange en proportions égales des énantiomères lévogyre et dextrogyre d'un composé chiral. Autrement dit, pour le cas des molécules contenant un seul carbone asymétrique, fréquentes en chimie organique, un racémique contient à proportions égales les deux formes (R,S) selon la nomenclature des configurations absolues.

    La plante (la feuille) doit être exclusivement réservée à la préparation de formes galéniques en milieu pharmaceutique : teintures, extraits, poudres entrant dans différentes préparations (sirops, suppositoires), gouttes et granules homéopathiques.

    Son action parasympatholytique (principe actif atropine) est la principale raison de son emploi en thérapeutique.

    Homéopathie

    Mais aujourd’hui, on emploie surtout la belladone en homéopathie car sans danger : sa principale prescription concerne les états fiévreux avec rougeurs, les coups de soleil, les douleurs abdominales.

    L’homéopathie fait grand usage des plantes toxiques : Belladonna (belladone), Digitalis (digitale), "Aconit" (aconit Napel), Veratrum album (vératre) et bien d’autres encore !

    Un exemple

    Si une extinction de voix est causée par une infection du larynx (qui cause elle-même son inflammation) l’origine est virale (un virus est responsable de cette infection). Il n’existe donc pas d'antibiotiques mais des traitements tels que Ibuprofène, pastilles pour la gorge, granules homéopathiques (ex. Belladona 9 CH et Mercurius solubilis 9 CH plusieurs fois / jour en cas de maux de gorge) ou sprays antiseptiques, collutoires à base d’érysimum, etc., pour soigner l’infection, soulager les symptômes et mettre fin à l’extinction de voix.

    Vu dans Info Soins de la voix

     

     

     

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    Documentation

    Sources et en savoir +

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Belladone + Histoire de la belladone

    https://jardinage.lemonde.fr/dossier-1502-belladone.html + Culture de la belladone

    Floraison : juin à octobre

    Semis : oui

    Bouture : non

    Plantation : spontanée...

    Voir aussi

    Baies rouges – noires Attention !

    Genévriers (Plantes dangereuses p.9) PDF

    Plantes toxiques et sortilèges

     

    Menaces et statuts de protection

    En 2021 l'espèce est considérée en Danger (EN) dans le Monde mais comme non menacée en France où la belladone est classée Espèce de préoccupation mineure (LC) par l'UICN.

    Toutefois localement l'espèce peut se raréfier : elle est considérée Quasi menacée (NT) en Bourgogne, Nord-Pas-de-Calais et Aquitaine ;

    elle est considérée Vulnérable (VU) en Auvergne ;

    elle est en Danger-critique (CR) en Poitou-Charentes et Pays-de-la-Loire ;

    en Danger (EN) en Limousin, région Centre et Île-de-France1.

    L'Empereur est l'arcan du Tarot qui symbolise le leadership. Cette carte représente la force et la puissance, et nous rappelle que les grandes réalisations ne peuvent être obtenues qu’en étant responsable de nos actions

    Note de Wikipédia

    1. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est l'une des principales organisations non gouvernementales mondiales consacrées à la conservation de la nature. La liste rouge de l'UICN, créée en 1964, constitue l'inventaire mondial le plus complet de l'état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle se présente sous la forme d'une base de données en ligne régulièrement actualisée, exposant la situation de plus de 105 732 espèces sur les 1,8 million d'espèces connues.

    Danger (EN)

    Danger-critique (CR)

    Espèce de préoccupation mineure (LC, de l'anglais least concern). En biologie et en écologie, une espèce de préoccupation mineure est une espèce pour laquelle le risque de disparition est faible. Il s'agit notamment d'un des statuts utilisés par la liste rouge de l'UICN.

    Quasi menacée (NT). Proche du seuil des espèces menacées ou qui pourraient être menacées si des mesures de conservation spécifiques ne sont pas prises.

    Vulnérable (VU)

    Belladone en cuisine ?

    Ras-el-hanout

    Originaire du Maroc1, le ras (ou raz) el hanout (en arabe رأس الحانوت, littéralement "Toit de la Boutique" ou "Tête de l'épicerie" : produit phare des épiceries nord-africaines, il est censé être composé des meilleures épices de la boutique) est un assaisonnement typique d’Afrique du Nord, utilisé principalement dans la cuisine du Maghreb, pour tous plats orientaux.

    1. www.ducros.com/fr-fr/produits/epices/epices/ras-el-hanout

    On trouve le Ras-el-hanout chez les marchands d'épices dans tous les souks, soit déjà moulu, soit à l'état brut. Mélange d’épices composé et dosé suivant la science et la fantaisie du vendeur ou selon l’envie et/ou le pouvoir d’achat de l’acheteur, son prix peut varier du simple au double selon les ingrédients employés.

    Ainsi, existe-t-il au moins autant de Ras-el-hanout que de marchands, de plus, le mélange varie également selon les régions. Toutes ces épices sont lavées, séchées et moulues. On peut y trouver des baies de Belladone ("Zbibet el laïdour") desséchées, récoltées à Chichaouen, il en faut très peu.

    Vu et en savoir + dans PDF Aromatiques Épices - ras el hanout pp 23-24

     

     

     

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