• 2-Mélèze Larix decidua

    Page créée le 25 mars 2022

    Mélèze

    Larix decidua Miller (1768) = Larix europea DC.

    Celui que l’on appelle Mélèze commun ou Pin de Briançon – parce qu’il y est très spécifiquement implanté – de la famille des Pinacées, offre à l’automne le somptueux spectacles de forêts rousses, et fournit un bois d’exception, solide et résistant. Un arbre plein de particularités qui n’a pas fini de surprendre.

    Mélèzes, bosquet

    Le mélèze n'est spontané en France que dans les Alpes * où il croît dans les milieux les plus ensoleillés entre 1 000 et 2 500 mètres d'altitude. Le climat du Massif Central souvent nébuleux lui convient plutôt mal. On le trouve en Lozère planté çà et là souvent mêlé à d'autres résineux : Pins, Sapin, Épicéa. Une forêt de mélèzes est un mélézin.

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    * Briançon est une commune française située dans le département des Hautes-Alpes en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et historiquement rattachée au Dauphiné.

    C'est la ville-centre d'une petite agglomération de six communes, l'unité urbaine de Briançon.

    (Wikipédia)

     

    Carte des accès routiers au Briançonnais

    Accès à Briançon

    Un arbre qui hiberne

    C’est le seul résineux d’Europe à feuillage caduc * (c'est-à-dire qu'il perd ses aiguilles à l'automne). Lorsque les températures commencent à baisser, et que le mélèze (Larix europaea, Larix decidua) se met lentement en dormance, elles jaunissent, rougissent puis brunissent et finissent par tomber, laissant les branches nues. Un spectacle étonnant pour qui ne connaît pas cette espèce endémique des Hautes-Alpes (présente aussi en Maurienne et Tarentaise) : l’hiver on pourrait croire que les forêts ont été décimées. Et pourtant aux premiers beaux jours de nouveaux bouquets d'aiguilles au vert tendre apparaissent marquant le départ d’un nouveau cycle annuel.

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    * Décidu (= caducifolié) : désigne les espèces ligneuses qui perdent toutes leurs feuilles en même temps, avant d’entrer en dormance hivernale. Par exemple, parmi les conifères, le mélèze (Larix decidua Mill.) ou "pin de Briançon", et le cyprès chauve (Taxodium distichum), ou "cipre", perdent leurs aiguilles à l’automne. Ils comptent ainsi parmi les "Conifères décidus". (Vu dans Bouleaux PDF)

    Mélèze en automne

    Si le mélèze sait attendre que neige et frimas soient passés, c’est parce qu’il porte dans ses gènes la mémoire de plusieurs glaciations. Rien d’étonnant donc à ce que cette essence montagnarde vive en altitude, entre 1200 et 2400 m précisément.

    “Le Briançonnais est un gros bassin d’implantation du mélèze car il a autrefois été cultivé ici, explique Édouard Jeandon, technicien forestier de l’ONF. Comme il n’acidifie pas les sols, il n’empêche pas l’herbe de pousser ce qui le rend compatible avec le pâturage. Et il fournit un très bon bois de construction. Deux bonnes raisons d’encourager la présence de l’espèce : l’homme a donc façonné ses forêts pour avoir beaucoup de mélèzes, et peu à peu la régénération naturelle a pris le relais.”

     

    Description du Mélèze

    Le Mélèze est un grand arbre au tronc élancé, aux branches étalées ou pendantes, à la cime conique. En mélange avec le sapin et l'épicéa, le mélèze se reconnaît facilement même de loin par son port "léger" dû à une ramification non verticillée, un feuillage peu dense et surtout par sa couleur vert tendre qui tranche immédiatement sur le vert sombre des arbres qui l'entourent.

    L'écorce, d'abord lisse et grise, est épaisse, crevassée longitudinalement et s'exfolie par bandes sur les troncs âgés.

    Les jeunes rameaux longs et grêles, jaunâtres, sont recouverts de "segments foliaires" peu saillants. Leurs bourgeons terminaux sont petits, ovoïdes et luisants, de couleur brune).

    Les feuilles sont des aiguilles molles de 2-4 cm de long à section triangulaire, plates sur leur face supérieure, diédriques sur leur face inférieure. Elles montrent 2 types d'implantations :

    - les unes sont réunies en touffes de 30 à 40 portées à l'extrémité de petits rameaux courts et trapus à croissance lente ayant l'aspect d'une grosse verrue (brachyblastes),

    - les autres sont éparses sur le rameau allongé (auxiblaste) attachées à l'extrémité des "segments foliaires". Ce dernier type de feuille est souvent plus ou moins rapidement caduc peu après sa formation de sorte que de nombreux segments foliaires ne sont pas terminés par une feuille.

    La floraison a lieu de avril à juin. Les inflorescences sont des cônes verts et/ou roses, unisexuées, l'arbre est monoïque :

    - les fleurs mâles sont de petits glomérules jaunes qui apparaissent à l'extrémité de certains brachyblastes à la place d'un bouquet d'aiguilles,

    - les inflorescences femelles, qui ont la même localisation, sont de petits cônes charnus et colorés dans lesquels les bractées récurvées dépassent les écailles.

    Les fruits, des cônes mûrs à l'automne de la même année, sont bruns, ovoïdes, de petite taille (2-5 cm). Les bractées sont ou non visibles, elles sont souvent dépassées par les écailles dont chacune, sur sa face interne porte deux graines ailées. Les cônes sont caducs mais peuvent demeurer sur l'arbre plusieurs années.

    Mélèze, fleur et fruit

    La pollinisation de cette gymnosperme est anémogame (transport du pollen par le vent), la dissémination, anémochore.

    Une croissance lente

    Le Mélèze a besoin d’un petit coup de pouce à ses débuts : pour germer et se développer, ses graines aiment les sols légers dont la terre a été retournée. Il faut donc gratter la strate herbacée, une tâche qui peut être accomplie de main humaine, ou de sabot animal… La suite se déroule lentement et sûrement, car le mélèze est un arbre très résistant mais qui enjoint à la patience : à 5 ans il mesure 20 à 30 cm, à 10 ans 50 cm et il lui faut un siècle pour atteindre 20 m. S’il n’est pas coupé (à 200 ans en moyenne) son espérance de vie est d’environ 400 ans. En récompense de cette croissance minutieuse, l’arbre fournit un bois d’une qualité exceptionnelle, dense et très durable.

    Du si beau bois

    Le bois de mélèze est de grande valeur. Dans son aire d'origine, les Alpes, son prix est bien supérieur à celui du chêne. C'est un bois à œcœur rouge, riche en résine à la fois par des canaux assez nombreux mais aussi par des poches allongées qui peuvent contenir plusieurs cm3 de résine (voir ci-dessous "Térébenthine et huile essentielle du Mélèze"). C'est le plus lourd parmi les bois des résineux indigènes (densité de 0,5 à 0,7). C'est un bois de charpente et de menuiserie de première qualité souvent utilisé en usage extérieur où il se montre très durable. Durable et solide...

    “Certains le disent imputrescible : c’est excessif, précise Benjamin Turbé des Charpentes Boulot. Mais il est effectivement très résistant, il a la qualité d’être naturellement classe III, ce qui signifie qu’on peut l’utiliser en extérieur pour les terrasses, balcons et auvents, et aussi bien sûr en structure. Son aspect est une qualité très appréciée : nous le privilégions pour tout ce qui est visible, par exemple pour les grosses sections porteuses d’une charpente apparente”.

    Dans ce paysage alpin où le chalet est roi (voir plus bas "Documentation "Le chalet La Montagnole") on comprend tout le sens de l’expression “chêne des montagnes” qui désigne le conifère.

    Si les plus belles sections de mélèzes sont destinés à la construction et à l’agencement, les autres ne sont pas perdues pour autant. En tant que bois de chauffage, l’arbre satisfait toute la filière bois (et même au-delà).

     

    Térébenthine et huile essentielle du Mélèze

    Pins, Sapins et la grande famille des Conifères ces arbres, connus pour la puissance de leur arôme, fournissent à la médecine plusieurs médicaments précieux : bourgeons de Sapin ; le Sapin argenté fournit la térébenthine dite "des Vosges" ; térébenthine "de Bordeaux" ou "galipot" + essence de térébenthine + poix noire + goudrons... = Pin maritime ; goudron végétal dit "de Norvège" retiré des Pins sylvestre et maritime ; poix de Bourgogne, etc.

    (Vu dans Huiles essentielles : généralités)

    La térébenthine du mélèze, dite de Venise est fournie par Larix decidua. Variété officinale utilisée pour emplâtres, baumes... (Lexique "essentiel" - voir Pins & Sapins JPG)

    Orientation "médicinale" => développement dans Lexique "phyto-médical"

    Orientation "dans les arts" => voir Briques, terre & constructions de Gigeoju

    L'huile essentielle de mélèze est obtenue par distillation par entraînement à la vapeur d'eau des rameaux et des aiguilles, qui secrètent une substance sucrée, le mélézitose, surnommée manne de Briançon, avant tout laxative et purgative. L'huile essentielle obtenue est un liquide limpide, jaune pâle à vert pâle, à l'odeur boisée, fraîche et résineuse.

    Ses principales molécules sont alpha et bêta pinènes (monoterpènes), acétate de bornyle (esters), sesquiterpènes, monoterpénols. Peu utilisée par voie orale, cette huile essentielle l'est surtout par voie cutanée, en diffusion, inhalation, olfaction et en diffusion atmosphérique

    Ses principales propriétés sont anti-infectieuses et antiseptiques (affections respiratoires), neurotoniques (stimulant général, asthénie, dépression, baisse de la concentration...), anti-inflammatoires (crampes, arthrose et autres rhumatismes, améliore la mobilité articulaire dans la dystrophie osseuse), favorables à l'assainissement de l'air (asepsie des locaux), immunostimulantes (baisse de l'immunité, convalescence)

    Ne pas confondre avec :

    HE Mélèze laricin ou d'Amérique Larix laricina

    HE Mélèze du Japon Larix kaempferi (plus rare)

    (Vu dans Huile essentielle de mélèze d'Europe PNG - [Books of] Dante)

     

    Cueillette printanière pour gastronomie locale

    Au printemps, lorsque le mélèze retrouve ses aiguilles, il arbore aussi de magnifiques fleurs fuchsia destinées à devenir les cônes porteurs des graines de l’arbre. Traditionnellement cueillies pour réaliser des eaux de vie maison un peu corsées, elles trouvent désormais une place plus subtile dans la gastronomie locale... À la distillerie Mountain Spirit Fabrik (Briançon), Eric Parpart élabore la Mélèzine, un savant assemblage de fleurs cueillies à différents stades de maturité qui lui permet de composer sa liqueur des cimes si appréciée.

    Dans le restaurant de Fabien Ferdinand, Le Chazal (Les Guibertes), la flore locale est à l’honneur. “Je travaille les bourgeons de mélèze en infusion dans du vinaigre, pour mettre en valeur leur côté puissant et résineux. Et après la période des fleurs, je prélève des jeunes pousses que je mixe avec de l’huile d’olive, c’est un peu un pistou de mélèze”, plaisante t-il. De nombreuses recettes sont élaborées avec cette huile parfumée, comme la brioche qui entoure son foie gras en croûte ou la mayonnaise qui accompagne le homard dans un accord mer-montagne inédit.

    Ajoutons que le mélèze se prête aussi aux desserts : ses fleurs subliment les fraises, confie le chef.

    Un arbre décidément plein de surprises…

     

     

     

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    Documentation

    Le chalet La Montagnole

    Avec ses teintes chaleureuses, le bois du mélèze est très beau : sa teinte dorée-rose lorsqu’il est frais de coupe évolue vers un rouge-brun plus foncé quand il est exposé au soleil. Durable, local et chaleureux, rien de surprenant à ce que ce soit l’essence privilégiée de Clément Goudet, compagnon ébéniste, fondateur de l’atelier Monts et Merveilles. Dans les projets qui lui sont confiés, il conçoit avec son équipe un aménagement sur-mesure haut de gamme complet qui associe subtilement les matériaux vernaculaires à un style très contemporain. Le somptueux chalet La Montagnole, est devenu emblématique de sa créativité. Ici, la cage d’escalier s’est muée en forêt de mélèzes. Un travail d’une minutie folle pour lequel l’équipe a dû aller abattre des arbres, les sortir de la forêt pour ne pas abimer l’écorce, et qui a même nécessité que l’atelier soit agrandit. Le résultat bluffant donne la sensation de grimper aux arbres, magique.

     

    Flottage sur la Durance

    Mélèze Radeliers de la Durance

    L’association les Radeliers de la Durance * fait revivre chaque année la tradition historique du flottage qui permettait d’acheminer les grumes depuis les Alpes jusqu’à Arles, soit un parcours de 250 km en 3 à 5 jours.

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    * Voir une vidéo

     

    Sources et/ou à voir

    Sources principales

    Fiche eFlore de l'espèce Larix decidua Mill.

    Le mélèze, l'arbre des sommets (Femme Actuelle) la plante

    Voir aussi

    Lexique "essentiel" (oléorésine)

    Lexique "phyto-bota" (décidu)

    Pins & Sapins (JPG)

    Plantes des lexiques (à Cyprès chauve)

    Liens externes

    Huile essentielle de Mélèze (Conseils phyto-aromatiques)

    Huile essentielle de mélèze d'Europe (PNG) [archive]

    Mélèze, port

    Divers

    3 arbres à floraison généreuse à planter fin de l’hiver (Femme Actuelle)

    Bien choisir son bois de chauffage (Femme Actuelle)

     

     

     

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