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3-Gouren (Bretagne, France)
Page créée fin mai 2023
Le gouren ou lutte bretonne (gouren en breton) est un sport individuel pratiqué entre deux athlètes, hommes ou femmes.
Le but du gouren est de mettre l'adversaire sur le dos avant toute autre partie du corps
Le gouren est pratiqué principalement en Bretagne, mais aussi dans quelques régions voisines, en particulier à travers les rencontres internationales organisées par la FILC (Fédération Internationale des Luttes Celtiques), par exemple en Cornouailles, en Écosse et une skol de Gouren a même vu le jour à La Nouvelle-Orléans, dans le Sud des États-Unis.
La pratique est gérée par la Fédération de Gouren * au niveau du territoire français, en particulier à travers un agrément avec la Fédération Française de Lutte.
* Fédération de Gouren (Chaîne YouTube officielle)
Particularités du gouren
Le gouren est une lutte debout avec veste sur tapis ("pallen"). Dès que l'un des lutteurs touche terre avec une autre partie du corps que ses pieds, le combat est arrêté, les protagonistes se relèvent, puis reprennent le combat après s'être serré la main.
Voir Lutte écossaise, le back-hold
Le "résultat parfait" donne une victoire immédiate : c'est le Lamm qui est annoncé lorsqu'un des protagonistes parvient à projeter son adversaire à terre, sur le dos. Ce résultat parfait signifie que les deux omoplates ont touché le sol de façon simultanée, ceci avant toute autre partie du corps.
Les projections sont réalisées à partir d'une multitude de familles de techniques dont la plus symbolique est le Kliked, un enroulé de jambe.
Pratique du gouren
Le gouren moderne se pratique sous deux formes, hivernale et estivale, depuis 1930. En hiver, les compétitions se déroulent en salle, sur tapis. En été, la lutte se passe à l’extérieur, sur une lice de sciure, lors de fêtes.
La tenue
Le lutteur est pieds nus. Sa tenue :
• un pantalon mi-long, ou bragoù, de couleur noire dont les jambes s'arrêtent en principe au-dessous du genou pour permettre l'enroulé du bas de la jambe appelé kliked ;
• une solide veste de combat, ou roched en toile renforcée (à manches courtes), de couleur blanche ;
• une ceinture permet de garder la roched serrée au corps.
Aucune inscription publicitaire n'est tolérée sur la tenue, mis à part le badge fédéral de différentes couleurs selon le Rannig (niveau technique).
Paul Sérusier : La Lutte bretonne (1890)
Musée d'OrsayLes combats
La pratique du gouren s’est ouverte auprès des femmes depuis les années 1970
Le combat de Gouren est arbitré par 3 arbitres égaux en droits. Les décisions se prennent à la majorité. Les résultats possibles à la suite d'une chute sont (par ordre dégressif) :
• Lamm (en breton "chute") : le résultat parfait en gouren, l’équivalent du ippon en judo ou du KO technique en boxe. Il donne la victoire immédiate du combat. "C’est la chute sur le dos comportant la touche à terre des 2 omoplates, simultanément, avant toute autre partie du corps ou du corps de l’adversaire" ;
• Kostin : résultat proche du lamm, une chute sur le dos comportant le touché au sol d’une seule omoplate (par exemple) ;
• Kein (en breton "dos, derrière") : avantage comptabilisé à l’issue des prolongations. C’est une chute par exemple sur le bas du dos, ou sur le dos plus les fesses ;
• Netra (en breton "rien") : chute sans résultat.
Les fautes aussi sont comptabilisées : une faute est liée à un comportement agressif injustifié (verbal ou physique), une attitude dangereuse pour l'adversaire ou un refus de combat en restant dans une position de défense pendant une durée exagérée. Lors d’une projection, le lutteur qui projette d’abord son bras au sol pour éviter le résultat est considéré comme étant en refus de combat.
• Diwall (en breton "attention") : avertissement donné pour une faute, avant de sanctionner le lutteur par un fazi. Il n’a aucune incidence dans l’issue du combat ;
• Fazi (en breton faute) : résultat d’une faute commise par le lutteur. 3 fazis entraînent un divrud ;
• Poent (en breton "point") : il est obtenu lorsque l’adversaire a accumulé 2 fazis. Il est équivalent à un Kostin, sauf en cas d’égalité parfaite entre les deux lutteurs où il lui est supérieur ;
• Fazi Vraz (en breton "grande faute") : disqualification pour le combat, donnée pour l’accumulation de 3 fazis ;
• Divrud (en breton "discrédit") : disqualification pour la compétition, donnée pour une faute grave (injure, comportement irrespectueux).
La durée d'un combat et la catégorie d'âge
Les parties de lutte ont une durée pouvant aller jusqu'à sept minutes (seniors en championnat) mais la durée d’un combat dépend en fait de la
* d’âge et du type de compétition. La prolongation est possible si aucun résultat ne permettant le gain du combat n'est obtenu à la fin du temps réglementaire ; la prolongation est égale à la moitié du temps de combat.• Les seniors (21 ans et +) : 5 minutes - championnat : 7 minutes.
• Les juniors (18, 19, 20 ans) : 5 minutes - championnat : 6 minutes.
• Les cadets (16,17 ans) : 5 minutes.
• Les féminines seniors, juniors et cadettes : 4 minutes.
• Les minimes (14,15 ans) : 4 minutes.
• Les benjamins (12,13 ans) : 3 minutes.
• Les féminines minimes et benjamines : 3 minutes.
Documentation
Sources
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gouren
Le gouren, une tradition moderne [archive] (Becedia)
Histoire du gouren
Voir Wikipédia
Le gouren – dont les origines sont attestées dès le Moyen Âge (voir notamment les travaux de Le Menn G., 1994 ; Jaouen G., 2005) – est présenté par ses adeptes comme un héritage celtique. Cette forme de lutte aurait traversé les siècles en changeant quelque peu mais en conservant certaines de ses spécificités : preuve d’une tradition vivante. La richesse de cette lutte réside alors dans sa capacité à faire évoluer ses rites et ses pratiques jusqu’au XXe siècle (Épron, 2008). Elle n’est alors pas seulement « ce dont on se souvient, [...] la tradition elle-même, mais son laboratoire » (Nora P., 1984, p. X).
Anecdote :
Est fermement formulée, par les acteurs, l’hypothèse d’un métissage entre les apports des Bretons insulaires, fuyant l’invasion de leur territoire par les Saxons, les Angles et les Jutes, et un style armoricain du haut Moyen Âge – dont aucune trace n’a été dévoilée à ce jour –, lors des migrations, entre les IVe et VIe siècles, en Petite Bretagne, de peuplades du sud-ouest de la Grande-Bretagne (Cornwall et Devon).
Ces parentés celtiques sont confortées par le fait que des luttes qui se jouent uniquement debout – le combat ne se poursuit pas au sol – et à la ceinture – les saisies avec les mains sont autorisées uniquement au-dessus de la ceinture, celle-ci comprise – existent encore de nos jours dans d’autres régions celtiques que la Bretagne. La lutte de Cornouailles britannique est en effet une forme ressemblante.
Évolution de la popularité des luttes dans l’histoire (Becedia)
Adolphe Leleux : Jour de fête en Cornouaille [Lutteurs de Basse-Bretagne] (1864)
Musée des Beaux-Arts de QuimperAu cours de l’entre-deux-guerres, une bascule s’opère. Face aux représentations dévalorisantes véhiculées au sujet des Bretons, et plus largement de la culture rurale et paysanne, Charles Cotonnec (1876-1935), médecin à Quimperlé et barde du Gorsedd de Petite Bretagne, s’attache à revaloriser la pratique de la lutte en cherchant à l’accommoder à la modernité.
Tournoi organisé à Quimperlé en 1928, et réunissant 6 000 spectateurs
En 1930, Charles Cotonnec crée la Falsab (Fédération des Amis des Luttes et Sports athlétiques bretons) et instaure un fonctionnement inspiré du mouvement sportif. Mouvement qui depuis la fin du XIXe siècle se répand sur le territoire national (Holt R., 2011). Cotonnec tend à uniformiser la pratique : temps de combat, résultats intermédiaires permettant de gagner le combat à l’issue du temps imposé (auparavant le combat durait jusqu’au lamm, résultat parfait), surface de combat limitant les risques de blessures (lice de sciure), etc. La Falsab instaure donc une codification des règles (règles orales et disparités de pratique suivant les terroirs vers une codification, la règle écrite, la même pour tout le monde), une « spatialisation » (lieux dédiés à la pratique sportive) et une « temporalisation » (calendrier de compétitions) de la pratique : le jeu traditionnel devient un sport (Guttman A., 1978 ; Elias N., Dunning E., 1990)
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Les luttes dans le monde
Les luttes du monde ont pour trait commun l’affrontement à mains nues de deux protagonistes qui s’efforcent de se renverser. Il en existe plusieurs centaines sur la planète, dont les styles se distinguent par leurs ancrages culturels et la spécificité de leurs techniques. La Fédération internationale des luttes associées (Fila) reconnaît aujourd’hui la richesse de tous ces styles.
Des échanges internationaux se font au sein d’une confédération européenne de luttes celtiques et traditionnelles : la Filc (Fédération internationale de luttes celtiques) créée en 1985 à l’initiative d’acteurs de la Fédération de gouren. Ces échanges prennent la forme de championnats européens de luttes celtiques aux niveaux seniors, espoirs et féminines ainsi que l’organisation de compétitions "ouvertes" dans un style de lutte spécifique, ou encore de stages internationaux, formation à l’arbitrage, etc.
Des rencontres hors Filc ont également lieu, comme par exemple avec des lutteurs nigériens en 2007 et tunisiens en 2009...
Occident, Nord
Orient, Sud -
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Voir aussi Découvrir les luttes traditionnelles (FFLDA)
Autres régions, autres spécialités...
Flottage sur la Durance (depuis les Alpes jusqu’à Arles) - Mélèze Larix decidua
Gymkhana sur échasses (Dax dans les Landes) - Gymkhana
Joutes nautiques languedociennes
Makila (arme spécifique basque) - ARTS MARTIAUX Canne (France, Europe)
Pyramides de Catalogne - Coups de cœur Culture
Raid de la Mirabelle (côtes de la Meuse) - Les prunes
... et une curiosité
Brancaille, une (in)discipline française où tous les coups sont permis, que ce soit les coups de coudes, de genoux, de tête ou même les étranglements... - Entre sport et violence