• Info Stress post-traumatique : la méthode des 6C

    Un article de Causeur 11 novembre 2021 – Page complétée le 30 novembre 2023

    Troubles du stress post-traumatique : la méthode des 6C

    Guerre ou terrorisme : la méthode des 6C invite les secours à revoir leur approche des militaires ou victimes en état de choc.

    Urgence

    Les Troubles du Stress Post-TraumatiqueTSPTsont un syndrome psychiatrique qui survient après un événement traumatisant.

    Le syndrome et ses symptômes ont été identifiés et nommés pendant la Première Guerre mondiale par Charles Samuel Myers (1873-1946), psychologue du service de santé des armées britanniques pour décrire le type de trouble dont souffraient de nombreux soldats pendant la guerre. Le syndrome a été appelé "shell choc""obusite" en français – car pour Myers et les autres psychologues de l’époque, son origine était la violence de l’artillerie moderne, sans précédent  dans l’histoire de la guerre.

    Ce syndrome est un dysfonctionnement de la mémoire, saturée par un trop-plein des stimuli sensoriels.

    La saturation génère un immense sentiment d’impuissance face à notre propre mort et celle des autres. Ce phénomène crée une véritable pathologie physiologique car il touche l’amygdale cérébrale impliquée dans la reconnaissance et l’évaluation émotionnelle de ces stimuli. 

    Ce phénomène frappe la victime d’effroi et provoque une sidération, confusion, solitude face à la mort, débordements émotionnels (cris, pleurs, agressivité) et une perception altérée de la réalité. Ceux-ci déclenchent des dysfonctionnements physiques et psychologiques graves. Ceux chez qui un état de TSPT est provoqué, développent une maladie invalidante : anxiété, agressivité, hypervigilance, troubles de la mémoire, incapacité à se concentrer, flashbacks, dépression voire tentative ou suicide.

    Pendant la Seconde Guerre mondiale et par la suite, le diagnostic de "shell shock" a été remplacé par celui de "combat stress reaction".

    Pendant des décennies après son identification ce syndrome a été mal vu, considéré comme l’expression de lâcheté ou d’un manque de volonté. Le cas le plus connu – et immortalisé par le cinéma – est celui du général américain George S. Patton (1885-1945) qui gifla deux soldats de l’armée américaine sous son commandement pendant la campagne de Sicile en 1943. Patton les a frappés et réprimandés après avoir découvert qu’ils étaient hospitalisés loin des lignes de front sans blessures physiques apparentes.

    Une méthode israélienne appliquée dans les armées américaine et allemande

    Comment savoir si on est touché par cette maladie invisible ? Avoir vécu comme victime ou témoin un évènement soudain, violent et imprévisible avec confrontation réelle ou imaginée à la mort. Développer ensuite, des symptômes de stress aigu (réactions intenses, désagréables et très perturbantes) au-delà d’un mois après l’évènement.

    Il est vrai, certes, que chez certaines personnes les symptômes s’installent progressivement au bout de quelques jours et parfois plus tardivement encore, mais dans la plupart de cas les Troubles du Stress Post-Traumatique se manifestent immédiatement. Or, il est avéré que, comme dans le cas d’un traumatisme physique (blessures par arme à feu ou arme blanche, brûlures, etc.), une intervention rapide peut arrêter le glissement de la personne traumatisée vers une situation de TSPT. 

    Fort d’une longue expérience de gestion de situation de traumatisme violent (champ de bataille, attentats et accidents), un officier en santé mentale israélien a développé, il y a plus de dix ans, un protocole de "gestes qui sauvent" à appliquer pendant les premières minutes suivant immédiatement l’évènement traumatique. Né au sein de l’armée, cette méthode est appliquée au sein de la US Army et de la Bundeswehr.

    C’est aujourd’hui le protocole national appliqué en Israël par tous les intervenants (Santé et Intérieur) dans des cas de traumatisme. Ces gestes sont même appris dès l’âge de sept ans, dans l’Éducation nationale. 

    Ce protocole, exactement comme les gestes qui sauvent (PSC1) * est relativement simple et permet à toute personne formée – quel que soit son métier et niveau d’études – d’identifier le cas nécessitant intervention et les traiter immédiatement. Les "6C"(©) présentent donc une véritable révolution.

    * Voir la vidéo : Julie 20 ans a sauvé une vie

    La logique derrière ce protocole est fondée sur les plus récentes études du cerveau humain, la neuropsychologie du stress. Le traumatisme crée chez certaines personnes une situation de trop plein sensoriel et émotionnel et elle ne peut tout simplement plus gérer la situation. Cet état de dysfonctionnement, comme si elle avait "bugué", la rend impuissante et inefficiente.

    [https://www.youtube.com/watch?v=A_B3FKtwGhg] YouTube 13 novembre 2013

    Voir aussi

    Avoir du matériel n’est utile que si vous savez l’utiliser. Il est fortement recommandé de se former au secourisme. La Croix-Rouge et les pompiers organisent régulièrement des stages. Renseignez-vous (Internet ou caserne de pompier la plus proche)

    Apprentissage des premiers secours - PSC1 | Pompiers.fr [archive]

    PSC1 - IRR | Croix-Rouge française [archive]

    Habituellement, face à cet état, on rassure, on enlace, on propose de s’assoir, on pose une couverture, on offre une bouteille d’eau. Toutes ces gestes sont non seulement inefficaces, mais aggravent l’état de la victime. Contrairement à notre mouvement naturel, "notre bon sens" ou notre empathie spontanée, il faut éviter tout langage/posture émotionnel et, au contraire, bousculer la personne touchée et la tirer de la passivité à l’action. On lui permet ainsi de quitter la posture passive, régressive et victimaire, pour reprendre en quelques minutes seulement un certain contrôle de soi et de la situation et retrouver un sentiment d’efficacité et d’utilité. C’est la clé d’une certaine résilience fondée sur l’autonomie.

    Ne pas laisser la peur s’installer

    Que faut-il faire ? D’abord, se former au 6C * comme on se forme au PSC1 pour que toute personne soit en mesure d’arrêter l’hémorragie émotionnelle en situation d’urgence. Le protocole permet d’obtenir ce résultat par le suivi d’un processus à six composants / six étapes : Commitment [en] (engagement), Cognition, Challenge [en] (défi), Contrôle, Continuité, Communication.

    * Voir la vidéo : Protocole 6C - Premiers secours psychologiques

    [https://www.youtube.com/watch?v=0AEFvJtZxlw] YouTube 03 novembre 2020 

    Dans l’ordre, l’intervenant établit un contact physique avec la victime, fait appel à son raisonnement, lui pose des questions simples (nom, adresse, etc.), lui explique rapidement et clairement ce qui se passe et ce qui va se passer, et lui donne des instructions d’actions ("vas chercher quelque chose", "aide quelqu’un", etc.).  

    Se former au 6C, c’est maîtriser la pratique des six actions cognitives qui permettent de reconnecter une victime ou des témoins, de les rendre actifs et de leur permettre d’être de nouveau fonctionnels-opérationnels et enfin… aidants, membres actifs et utiles de l’équipe qui gère la réponse. Mieux encore, la personne devient un chaînon important dans le mécanisme de résilience du reste du groupe.   

    Ceux qui font l’équitation le savent : il faut toujours remonter à cheval après être tombé pour ne pas laisser la peur s’installer. Les pilotes de chasse forcés d’abandonner l’avion à cause d’une avarie technique suivent eux aussi la même logique : effectuer un vol aussitôt que possible et "couvrir" la mauvaise expérience par une bonne, avant que le premier vol post-accident ne devienne un évènement trop redouté. L’intuition derrière le 6C a donc toujours été là… et maintenant, avec ce protocole très simple, la technique est à la portée de tous avec à la clé un "bonus" énorme : éviter aux personnes touchées et à leurs familles de longues années de souffrances.

     

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    Documentation diverse

    Un témoignage et une réaction d’internautes

    Mon beau-père qui a perdu deux de ses fils (jumeaux) en 3 jours lors des tentatives de passer l'Èbre en 1938 m'a confié son envie de suicide, générée par le deuil et par le désarroi et la colère de son épouse. Ils s'est confessé à un prêtre (ils étaient nombreux et en première ligne dans les régiments carlistes, le crucifix d'une main, la navaja dans l'autre) qui l'absout du péché de suicide mais lui dit en partageant une gourde de vin : "le mieux pour toi et tes (3) fils survivants, vengez-vous ! Et le plus vite possible." Il avait raison. Deux fois, ils ont passé l'Èbre et malgré une grave blessure, un autre de ses fils (18 ans) est resté un type normal, bon, généreux, ouvert... (internaute R.T.)

    Très intéressant. D'une manière qu'on trouvera peut-être déplacée, ou sans rapport, je vois-là un chemin pour la réhabilitation de la fessée dans l'éducation des jeunes enfants (un choc, pas de sollicitude) (internaute P.-É.)

    "Si c’est 6C, c’est parce qu’il y a 6 phases"

    Échanges d'internautes à propos de l'article de Causeur 29/11/2023

    Article très intéressant mais qui me semble plus s'intéresser à l'état de choc ou la sidération juste après où effectivement être écouté et entendu peut tout changer, avant de se rendre utile qui peut tout changer aussi. Est-ce qu'il y a des études sur le long terme au niveau inconscient ? Bien que je pense que ça peut être utile juste après le choc, mais beaucoup plus difficile après plus d'un mois de mauvais traitements.

    Les Américains ont mené des études à la suite de chocs endurés pendant la 2e GM. Notamment lors de la campagne de Normandie (06 juin 1944 - 30 août 1944) qui utilisa massivement les G.I. Peu préparés psychologiquement, des effectifs traumatisés très importants furent envoyés à l'arrière. Ces syndromes suscitèrent une forte inquiétude à l'époque.

    Des ébauches d'études ont commencé pendant la guerre de Sécession (12/04/1861 - 09/04/1865) avec une montée en puissance pendant la Première guerre mondiale, et même avant, durant les guerres napoléoniennes (18/05/1803 - 20/11/1815) : "le vent du boulet" (ou moins couramment "le souffle du canon") était l'expression déjà utilisée par les chirurgiens des armées de Napoléon pour décrire l’état de stupeur dans lequel se retrouvent certains soldats après être montés au feu.

    Étonnamment, pas la moindre allusion dans les ouvrages de J. Keegan ou Vincent Bernard sur la guerre de Sécession. Mais sur ce sujet peu connu l'on peut consulter les publications de deux médecins de l'époque, Jacob Mendez Da Costa – qui a donné son nom au syndrome, puisque le soldier's heart se nomme aussi Da Costa's syndrom – en 1871 dans l'American Journal of the Medical Sciences (Thorofare, N.J., 1871, 61: 17–52) et Arthur Bowen Richards Myers en 1870 (On the etiology and prevalence of diseases of the heart among soldiers, London, J. Churchill, 1870).

    Voir La guerre de Sécession : un conflit infini (Conflits 29/11/2023)

    Un lien sans grand rapport avec ce qui précède mais qui reste dans le secteur de la santé... :

    Le plein-emploi dans les cliniques et les hôpitaux privés, aux actes (jdd 27/11/2023)

    Voir des liens divers

    Apaiser les troubles émotifs

    Armes et légitime défense

    Attentats

    EMDR ("Eye Movement Desensibilisation and Reprocessing") (Différentes disciplines)

    Hommage à toi "Je suis Charlie"

    Info Hug !

    Info URGENCES

    Krav-maga (Israël) sport de combat, voir :

    Lasserre Robert 1922-2013 (Judo)

    Techniques d'autodéfense en images

    La résilience

    La respiration artificielle 

    Mosaïques (listes d'articles)

    Ne tirez pas la 2ème flèche (Yoga Mondo) [archive plus récente]

    Physiothérapie (Différentes disciplines)

    PREMIERS SECOURS

    Secourisme et urgence (choix d'articles)

    Stress : l'échelle de Holmes

    Survivalisme

    Techniques d'autodéfense

    Un texte de Hugo sur le choléra, peut-être utile au gouvernement ?

    Ce texte de Victor Hugo (PDF)

     

     

     

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