• 2-Plantes carnivores

    Page créée le 26 juillet 2024

    Plantes carnivores

    Une plante carnivore est une plante capable d'attirer et de capturer des proies (insectes, acariens et autres petits invertébrés essentiellement) puis de les assimiler, entièrement ou en partie, afin de subvenir (partiellement) à ses propres besoins.

    Différentes plantes carnovores

     Différentes plantes carnivores

    Il existe un peu plus de 700 espèces de plantes carnivores au sens strict connues au début du XXIe siècle1, mais en moyenne trois espèces de plantes carnivores sont découvertes ou décrites chaque année depuis l'an 2000.

    Voir Liste de genres & Taxonomie et Espèces menacées de Wikipédia

    Les plantes carnivores se distinguent du reste du règne végétal par leur capacité à attirer, capturer et digérer leurs proies. Une plante capable uniquement de capture, éventuellement de dégradation, mais incapable d'assimiler sa proie, est qualifiée "précarnivore", en référence à sa potentielle évolution vers la "carnivorité". Les bactéries aidant à l'assimilation sont qualifiées de protocarnivores. Chez les plantes carnivores, le régime carnivore (chasseurs, charognards, parasites2 ou... "plantes carnivores") est apparu six fois dans cinq ordres différents au cours de l'évolution.

    La nutrition carbonée et la production de sucres se font par la voie classique de la photosynthèse, comme chez la plupart des végétaux dit supérieurs. Les plantes carnivores fixent ainsi le dioxyde de carbone de l’air, en présence de lumière, et absorbent l’eau et sels minéraux par leurs racines. Les proies qu’elles capturent ne sont, bien souvent, que des sources complémentaires d’azote et de phosphore.

    Notes

    1. Pelt Jean-Marie, Les langages secrets de la nature - la communication chez les animaux et les plantes
    [archive]
    Éd. Fayard, Livre de Poche no144435, 1996. Chapitre 15 Des plantes assassines (p.180.)

    2. Voir Un champignon tueur : le cordyceps dans Interactions : parasitisme et symbioses

     

    On associe souvent les tourbières aux plantes carnivores

    Si un grand nombre d’espèces de plantes carnivores se situent dans des régions tropicales, on peut néanmoins trouver des spécimens sous presque toutes les latitudes. Ces plantes poussent la plupart du temps dans des sols pauvres en azote et en phosphore, comme dans les tourbières3. (droséra, grassette). La "carnivorie" est une adaptation à des environnements pauvres et qui leur confère un avantage écologique leur permettant de les coloniser. L'apparition et la spécialisation de la carnivorie est un exemple riche en écologie évolutive4, au même titre, sinon plus, que l'apparition progressive de l’œil5.

    droséra (Drosera) ou rossoli

     

    grassette (Pinguicula)

    Drosera rotundifolia Feuille.jpg

     

    Grassette Pinguicula grandiflora (Nicholas Turland - flickr).jpg

    Feuille de Drosera rotundifolia

     

    Pinguicula grandiflora

    Notes

    3. Julien Perrot "Plantes gourmandes Pourquoi croquer des insectes ? " La Salamandre,‎ août-sept. 1996, p.22

    4. En biologie, l’évolution est la transformation du monde vivant au cours du temps, qui se manifeste par des changements phénotypiques des organismes à travers les générations. Ces changements généralement graduels peuvent aboutir, à partir d’une seule espèce, à la formation de nouvelles variétés périphériques devenant progressivement des "espèces-filles". Inversement, la fusion de deux lignées par hybridation ou par symbiogenèse entre deux populations d'espèces différentes peuvent produire une troisième espèce nouvelle. L’évolution explique la biodiversité sur Terre. L’histoire des espèces peut ainsi être pensée et représentée sous la forme d’un arbre phylogénétique et d’autres schémas et modèles, qui permettent de comprendre le phénomène de l’évolution. (Wikipédia)

    5. voir Richard Dawkins, Stephen Jay Gould

     

    Qualification des plantes carnivores

    La qualification "plantes insectivores" ou "entomophages" n'est pas toujours valable : si elle précise le régime alimentaire majoritaire d'un grand nombre de plantes carnivores, certaines ne se nourrissent pas du tout d'insectes ; c'est le cas notamment des utriculaires, qui ciblent des protozoaires ou de certaines espèces de népenthès6 qui consomment des geckos, des scinques, des oisillons et des souris. De plus, il est toujours possible que des arachnides, des mollusques (petites limaces), voire des vertébrés, soient victimes de pièges réputés "insectivores".

    utriculaire (Utricularia)

     

    népenthès (Nepenthes)

    Utricularia tenuicaulis Fleurs.JPG

     

    Nepenthes (Truffaut).jpg

    Fleurs d'Utricularia tenuicaulis

     

    Note

    6. Les népenthès sont des plantes carnivores de forêt tropicales humides originaires d'Asie du sud-est (Indonésie, Philippines…), Madagascar, Inde et Nouvelle Calédonie. Contrairement aux autres plantes carnivores, ce sont des plantes grimpantes, épiphytes (comme certaines orchidées) qui poussent accrochées aux branches des arbres et peuvent atteindre 20m de haut à l'état naturel. Les népenthès ne poussent donc pas dans des sols marécageux, mais dans leur milieu naturel l’humidité est très élevée, condition nécessaire, avec la chaleur, pour qu'elles puissent croître et se développer. Il existe 2 grandes variétés de népenthès : "Highlands" (altitude) et "Lowlands" (de plaine). Voir une vidéo de Truffaut et son article

     

    Pièges des plantes carnivores

    Les pièges sont, dans la plupart des cas, des feuilles modifiées. La diversité morphologique et fonctionnelle de ces pièges est remarquable. L’outre de capture des utriculaires, l’urne des népenthès, les mâchoires des dionées, les poils gluants des rossolis (ou droséra), etc. sont des adaptations indépendantes à la fonction carnivore.

    dionée (Dionaea) ou "attrape-mouches"

    Dionée ''attrape-mouches'' Tourbière Floride (Eleanor-flickr).jpg

    Des dionées dans une tourbière en Floride

    Les sécrétions végétales sont des substances dont on connaît encore mal le rôle et dont on n'est d'ailleurs pas certain qu'il s'agisse de véritables produits de déchet. Elles comprennent des huiles essentielles, des gommes, des mucilages, des gommes résines, le latex (émulsion aqueuse naturelle d'origine végétale avec aspect du lait), des tanins, des alcaloïdes, l'oxalate de calcium, le nectar, etc. Le mucilage sert à stocker l'eau, chez les plantes succulentes notamment (cactus et plantes grasses), mais aussi de colle à insectes (plantes carnivores).

    Les pièges des plantes carnivores sont en principe caractérisés par leur mobilité et leur rapidité pour quelques-unes. S'ils ne sont pas mobiles, ils sont dits "passifs" et s'ils le sont, on parle de pièges "actifs". Certains mouvements sont visibles à l'œil nu, comme la fermeture du piège de la dionée attrape-mouche. À suivre dans Wikipédia

     

    Culture des plantes carnivores

    Les plantes carnivores vivent principalement dans les tourbières où des conditions météorologiques particulièrement difficiles les ont contraintes à évoluer. Désormais, il existe une multitude de variétés aux formes variées et qui demandent des soins spécifiques pour pouvoir être cultivées chez nous.

    Vidéo 21 mars 2022 @RusticaTV

    Des utilisations "détournées"

    Les Sphaignes sont parfois utilisées en lieu et place de la tourbe blonde pour fabriquer l'hypertufa. La Sphaigne est aussi utilisée pour la réalisation de structures végétales, toitures ou murs végétaux ainsi que pour la culture de plante carnivore.

    Lu dans Baies rouges noires 2. SphaigneMousses (PDF p.17)

    Schéma tourbière (JPG)

     

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    Documentation

    Source principale Wikipédia

     

    Les urnes comme biotopes

    Les urnes de différentes plantes carnivores peuvent être décrits comme des phytotelmes7, constituant un habitat aquatique allant de 0.2ml à 1.5 litre pour de nombreuses espèces. La faune inquiline8 des plantes carnivores comprend une variété de bactéries, protozoaires, algues, champignons, rotifères, crustacés, arachnides, insectes (notamment leurs larves) et même amphibiens. Il existe de grosses différences entre espèce, notamment entre celles de la famille des Népenthacées ainsi que Cephalotus abritant généralement une cinquantaine d'espèces, et celles de la famille des Sarracéniacées dont les urnes peuvent présenter une biodiversité jusqu'à 4 fois supérieure. La nature des fluides qui remplissent les urnes ainsi que leur taille explique une grande partie de ces différences. Chez les premières, le fluide est acide, entièrement produit par la plante et riche en enzymes digestifs dès l'ouverture alors que chez les secondes, la partie liquide provient majoritairement d'eau de pluie qui remplit les urnes.

    Genre Cephalotus

     

    Famille des Sarracéniacées

    Cephalotus follicularis Aspect général.jpg

     

    Darlingtonia californica Famille des Sarracéniacées.JPG

    Aspect général de Cephalotus follicularis

      Darlingtonia californica, la "plante cobra"

    Les relations symbiotiques entre les plantes carnivores à urnes et leur faune inquiline font l'objet de nombreuses recherches. Il semble que chez les plantes carnivores produisant des enzymes digestifs moins forts comme les Sarracénies, le premier stade de dégradation des proies soit assuré au moins en partie par les micro-organismes résidents.

    Notes

    7. Le phytotelme est un habitat aquatique contenu dans une plante terrestre. L’eau accumulée, bien que généralement en faible quantité, est suffisante pour supporter la vie ou une partie du cycle de vie de nombreuses espèces animales. On reconnaît cinq principaux types de phytotelmes : I. aisselle des feuilles de plantes. II. ascidie, piège en urne, notamment de Sarracenia (Sarracéniacées) et Nepenthes (Népenthacées). III. réservoir des Broméliacées. IV. cavités des troncs d’arbre nommées "dendrotelmes". V. entre-nœud des bambous. (Wikipédia)

    Famille des Sarracéniacées

    Sarracenia leucophylla Famille des Sarracéniacées.jpg

    Sarracenia leucophylla

    8. L’inquilinisme est une forme d'interaction biologique dans laquelle une espèce se sert du corps d'une autre espèce plus grosse comme d'un abri. L'inquilinisme est bénéfique pour l'inquilin et neutre pour l'hôte. Un exemple bien connu d'inquilinisme est la relation entre les poissons-clowns (l'inquilin) et certaines anémones de mer. (Wikipédia)

    Wikipédia

    Voir Interactions : parasitisme et symbioses

     

    La plante qui tue pour nourrir ses gardes du corps

    Cette ancolie californienne n'est pas carnivore : elle ne fait que s'acheter une protection à coups de protéines animales... Les végétaux qui ne sécrètent rien de comestible ont-ils donc les moyens de se payer une protection ? Une surprenante étude américaine montre que oui.

    Ses auteurs se sont intéressés à Aquilegia eximia, une ancolie poussant sur la côte nord de la Californie. Celle-ci présentait trois particularités, trois pièces qui pouvaient, en s’emboîtant d’une certaine manière, écrire un scénario digne d’un film sur la pègre. Premier élément : l’agresseur. A. eximia a un ennemi, la chenille du papillon de nuit Heliothis phloxiphaga, qui a pour habitude de dévorer les structures reproductrices – boutons, fleurs, fruits – de plusieurs espèces de plantes. Deuxième élément : les protecteurs. On note souvent, sur ce végétal, la présence de plusieurs arthropodes chasseurs ou charognards, comme une araignée-crabe ou la punaise tueuse Pselliopus spinicollis qui ne crache pas sur les œufs de papillon… Troisième élément (potentiel, celui-là) : la récompense pour les gardes du corps. Les chercheurs ont ainsi remarqué que l’ancolie en question produisait une sorte de liquide visqueux capables de piéger, d’engluer, des insectes arrivés là en "touristes", pour reprendre l’expression utilisée dans l’étude. À partir du mois de juin, une seule tige de fleur peut être recouverte de plusieurs centaines de cadavres de petits arthropodes. Se pouvait-il, se sont interrogés les auteurs de l’étude, que la plante attire et tue les "touristes" afin de les offrir en pâture aux bestioles capables de la défendre ? Un peu comme si, dans un film de mafieux, un restaurateur invitait à dîner quelques costumes rayés en leur demandant, par la même occasion, de le débarrasser de quelques importuns. Pour le déterminer, ces scientifiques ont mené l’expérience sur le terrain. En juillet 2014, ils ont marqué 50 pieds d’Aquilegia eximia.

    Tela botanica – Suite sur le blog de Pierre Barthélémy (26/07/2015 [archive])

    Aquilegia eximia, choix de photos [archive 02/12/2012] [archive 22/08/2024]

    Voir aussi Un champignon tueur : le cordyceps (Interactions : parasitisme et symbioses)

     

    Curiosité

    La plante carnivore qui sait compter jusqu’à 5 !

    Selon une étude, il se pourrait bien qu'une espèce de plante carnivore, appelée communément "attrape-mouches" (dionée), sache compter jusqu'à cinq. Ce processus, mis en évidence par une équipe de chercheurs de l'Université de Würzburg, en Allemagne, fait progresser la connaissance des processus physiologiques des plantes carnivores...

    Radio.France 12/03/2016

     

    Guides divers

    Catégorie : Plante carnivore — Wikipédia

    Les Plantes carnivores — Wikisource

    Plantes carnivores et plantes insectivores — Wiki Plante Carnivore

     

    Participez à l’Observatoire des Plantes Carnivores Françaises

    Tela Botanica 

    [https://www.youtube.com/watch?v=6y6lJJLqPTE] 14 mars 2018 Dionée officiel – Site officiel

     

     

     

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