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ARTS MARTIAUX Sumo (Japon)
Né il y a plus de 2 000 ans comme une partie intégrante des rituels du shintoïsme, religion animiste du Japon, la tradition du Sumo interdit aux femmes de fouler la terre sacrée de l'arène du Kokugikan à Tokyo, où se déroulent les compétitions officielles.
Des lutteurs de sumô, lutte traditionnelle au Japon : il s'agit de faire tomber l'adversaire, ou de le pousser hors d'un cercle tracé sur le sol (note de Maurice Coyaud dans Fourmis sans ombre : le livre du haïku)
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- À propos d'Arts Martiaux (Série)
- À propos d'Arts Martiaux et de Muscu (Récap. de quelques principes)
- Étirements « Arts Martiaux »
Et pourtant...
À Tokyo, des Japonaises prennent d'assaut le sumo, sport très masculin
* (L'Internaute, vendredi 06 février 2015)
À 19 ans, Sayaka Matsuo, 60 kg, n'a pas froid aux yeux : la jeune Japonaise affronte sur un sol en terre ocre un sumotori pesant presque deux fois et demi son poids, illustrant la montée en puissance des femmes dans ce sport national traditionnellement masculin.
Après s'être fait pétrir cou et épaules par un masseur, elle se place en position de combat, son "mawashi" (ceinture de tissu propre au sumo) noué sur une culotte en lycra, avant de heurter son adversaire masculin.
Se jouant de l'énorme différence de poids, elle s'appuie contre ce dernier et parvient à le pousser avec détermination à travers toute l'arène.
"Le plus dur, c'est la collision initiale. Ça fait mal, et c'est facile de se blesser. Mais c'est avec la pratique que l'on devient plus fort", explique Sayaka Matsuo à l'AFP.
Pour elle, il s'agit d'une passion familiale : son père est un ancien sumotori professionnel. Dès l'âge de 5 ans, elle s'initiait aux techniques de combat. Désormais, elle fait partie du cercle très restreint des femmes pratiquant le sumo.
Bannies de l'arène sacrée
C'est une petite révolution pour un sport né il y a plus de 2 000 ans comme une partie intégrante des rituels du shintoïsme, religion animiste du Japon. La tradition interdit aux femmes de fouler la terre sacrée de l'arène du Kokugikan à Tokyo, où se déroulent les compétitions officielles.
Mais depuis 1997, des compétitions amateurs internationales leur sont ouvertes. Et sans toucher au sumo traditionnel, la fédération nationale envisagerait volontiers d'ériger la ligue amateur au rang de discipline olympique, avec différentes catégories de poids et matches pour les deux sexes.
"Le fait que les femmes ne puissent pas pénétrer dans le +dojo+ national est compréhensible, c'est le domaine des dieux", insiste Toshiaki Hirahara, entraîneur du club de sumo de la prestigieuse Tokyo University.
"Mais les tournois d'amateurs n'ont rien à voir avec les dieux, alors laissons les filles y participer également", concède-t-il.
"Quand on pense au sumo, l'image dominante est celle d'un sport réservé à des hommes obèses. Il faut changer ça, montrer au monde que les femmes peuvent aussi le pratiquer et l'apprécier", plaide l'entraîneur.
Et nul besoin pour les Japonaises intéressées par la lutte de surcharger leur régime alimentaire - alors que les plus grands champions ingèrent sans sourciller une ration quotidienne de 20 000 calories.
"J'ai bien l'intention de rester dans la catégorie des moins de 65 kg, du coup j'essaye de manger de façon équilibrée", assure la jeune Matsuo... tout en admettant ses penchants pour le "chankonabe", ragoût très nourrissant de légumes, riz et viande figurant typiquement au menu des athlètes de la discipline.
Anna Fujita, 21 ans, qui a commencé le sumo il y a deux ans et le pratique sans relâche, surveille elle aussi sa ligne : "Si je grossis encore, je devrais combattre des filles pesant plus de 100 kg", observe-t-elle, disant s'alimenter notamment... de Corn Flakes.
'Changer les mentalités'
L'ouverture aux amateurs et aux femmes est aussi pour les instances du sumo un moyen de redorer l'image de la discipline, écornée par une succession de scandales de combats truqués, de paris illégaux et de harcèlement - dont la mort en 2007 d'un apprenti lutteur roué de coups par ses coéquipiers -, et entachée par les soupçons de relations avec les yakuzas (pègre nippone).
C'est également une manière d'élargir le vivier de nouveaux talents, alors que les inconditionnels du sport sont décontenancés par la domination des lutteurs étrangers, arrivés dans l'archipel depuis les années 1990.
Aujourd'hui, les trois uniques "yokozuna", le rang le plus élevé qu'un sumotori peut atteindre, sont tous mongols, et l'un d'eux, Hakuhô, a décroché en janvier un record historique en remportant son 33e titre de champion.
Mais la féminisation demeure limitée : dans les écoles primaires, on dénombre seulement une fille pour presque 300 garçons participant aux compétitions junior, selon la Fédération japonaise de sumo.
Surtout, l'acceptation sociale peine à suivre : "Effacer les différences entre hommes et femmes reste difficile, il faut changer les mentalités au Japon", affirme Anna Fujita.
Son rêve serait de fouler un jour la terre du Kokugikan. Moins dans l'espoir de gagner un titre que pour faire évoluer les mœurs.
Sa détermination apparaît sans faille. Le jour, c'est une étudiante modèle en histoire taïwanaise à l'Université de Tokyo... et chaque soir, elle s'exerce à combattre de jeunes hommes corpulents dans l'arène du club de sumo universitaire.
Anna n'a rien dit à ses parents de sa passion : elle attend son diplôme, voire d'être mariée, pour leur faire la surprise.
Quelques photos
Des Japonaises s'entraînent au sumo contre un adversaire masculin * * Deux Japonaises s'entraînent au sumo * * par Toshifumi Kitamura/afp.com, le 25 janvier 2015 à Tokyo (L'Internaute)
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Documentation
Le mawashi
Le "mawashi", sorte de fundoshi renforcé pour les combattants de sumo, est une bande de tissu de six à huit mètres de longueur et de couleur variées. Il peut peser jusqu'à quatre kilos. Les mawashi colorés sont réservés au compétitions et aux lutteurs des deux divisions les plus hautes du sumo, les sekitori.
Aminishiki et Toyonoshima (en-dessous) portant le mawashi (2007)
Voir aussi Pagne
La façon d'empoigner le mawashi de l'adversaire à une ou deux mains sera souvent déterminante pour l'issue du combat. Le recours à des techniques de prise de mawashi constitue l'une des deux grandes techniques de combat enseignées dans les sumo-beya (littéralement "écuries" de sumo — autrement dit des clubs1 ou écoles2), l'autre étant l'art du tsuppari (déstabilisation de l'adversaire par des poussées des mains au visage ou au corps de l'adversaire).
1. Un club sportif (CS) est une infrastructure encadrant les sportifs. Il est composé de membres et peut être comparé à une mini-société avec son bureau dirigeant. Il est composé d'un encadrement sportif comportant des entraîneurs, des médecins, des kinésithérapeutes, des préparateurs physiques, des psychologues du sport en plus des sportifs eux-mêmes.
2. Le mot "école" vient du latin schola, signifiant "loisir consacré à l'étude", lui-même provenant du grec ancien σχολή / skholế "le loisir", lequel constituait un idéal souvent exprimé par les philosophes et une catégorie socialement valorisée opposée à la sphère des tâches productives. En étudiant le rapport des bâtiments scolaires à leur environnement, le géographe Pascal Clerc distingue quatre modèles successifs d'écoles : le monastère, l'agora, la forteresse, le nœud d'échanges.
Une bonne prise de mawashi est un avantage considérable dans un combat. Elle permet de soulever, de pousser, de projeter (nageru) ou de résister à une attaque. D'après une ancienne règle liée à la pudeur, si un lutteur perd son mawashi durant le combat, il est automatiquement disqualifié.
Pendant les compétitions, un tablier décoratif composé de cordelettes (下がり sagari) est attaché au mawashi, mais il tombe souvent au cours du combat. Les cordelettes sont rigides pour les sekitori.
Ces derniers qui participent à la cérémonie d'entrée sur le ring (土俵入り dohyō-iri) portent pour l'occasion un mawashi de cérémonie, le keshō-mawashi (化粧廻し).
Les plus beaux keshō-mawashi coûtent entre 400 000 et 500 000 yens (entre 3 000 et 4 000 euros).
Ci-contre Hōmashō portant un keshō-mawashi (2012)
Mise en place. Les assistants d'un lutteur de sumo (aussi appelé rikishi) l'entourent autour de son bassin en passant sous l'aine en des boucles très serrées. Le mawashi est ensuite noué dans le dos au niveau des lombaires.
Voir aussi Liste des termes japonais spécifiques à la lutte sumo
Jacques Chirac : d'où lui venait la passion pour le Sumo ?
Source Télé-Loisirs [archive sans média]
L'ancien président de la République, décédé à l'âge de 86 ans jeudi 26 septembre 2019, n'aimait qu'un seul sport : le sumo, qu'il a contribué à faire connaître autour de lui.
Chirac n'était pas un sportif. Bernadette, son épouse, l'aura maintes fois confirmé. Pourtant, il y aura bien un sport qui aura su trouver réellement grâce à ses yeux : le Sumo. Pas étonnant pour ce mordu de civilisations et d'art orientaux. "Il avait vraiment une passion pour ce sport curieux venu du Japon, qui est également un art ancestral et traditionnel", a raconté Gildas Le Lidec, ancien ambassadeur de France au Japon entre 2005 et 2007.
Chirac écrira dans ses Mémoires que s'il porte un intérêt pour le sumo, c'est parce qu'il aime
"ces quelques instants où les deux adversaires s’observent et durant lesquels on lit véritablement dans leurs yeux toute l’intensité du monde".
Au fil des années, il s’impose comme le premier ambassadeur du sumo en France et participe ainsi au rayonnement de la discipline hors des frontières du Japon.
"C’est l’art d’une civilisation, c’est l’expression d’une psychologie, c’est très au-delà d’un sport. D’ailleurs les sumotoris sont des gens qui sont un peu considérés au Japon comme des demi-dieux"
expliquait-il.
En 1995, tout juste élu président de la République, il rend hommage à ces lutteurs aux physiques imposants et aux cheveux lissés à l'huile en organisant un tournoi de sumo au Palais omnisports de Paris. Et ce, malgré l’irritation causée dans l’Archipel par la reprise des essais nucléaires français, annoncée quelques mois plus tôt.
Pour rendre hommage à cet illustre fan, la vénérable fédération de sumo émet l’idée d’un trophée qui serait remis en son nom au vainqueur de chaque tournoi, après les coupes de l’empereur et du Premier ministre nippons. "Il a été honoré par cette proposition", se souvient Thierry Dana, ancien ambassadeur français au Japon, à l’époque conseiller Asie à la cellule diplomatique de l’Élysée. Il suggère à Jacques Chirac de faire réaliser la coupe par le célèbre peintre, Pierre Soulages.
À noter que Chirac faisait si possible coïncider les dates de ses séjours (45 au total dont beaucoup en voyages privés) dans le pays du Soleil Levant avec celles des tournois, organisés six fois par an. Et quand il ne pouvait pas y assister en personne, il se faisait envoyer chaque jour par fax les résultats, qui avec le décalage horaire lui parvenaient le matin à l’Élysée, ainsi que les cassettes vidéo des tournois…
Son idole ? Akebono qu'il rencontrera une quinzaine de fois.
Devant les étudiants de l'université de Tokyo, en 1998, il déclare :
"J'ai étudié vos mythes avec passion. J'ai été séduit par la virtuosité de vos potiers, par l'élégance de votre architecture, par l'harmonie de vos jardins, par le raffinement de votre théâtre, par la finesse de votre cuisine, par le rituel de vos lutteurs de sumo".
Une déclaration d'amour qui rime avec cette fausse confidence qu'il fera la même année : "Peut-être qu'en le pratiquant jeune, j'aurais pu faire du sumo, j'avais la taille nécessaire, et le poids, ça s'acquiert..." Son amour pour ce sport était tel qu'il ira jusqu'à baptiser l'un de ses bichons maltais : Sumo…
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[https://www.dailymotion.com/video/x7lqzdm]
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