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Koan
Dessin tiré du livre Chan meditation
du Maître Chan Wujue MiaotianUn peu de remise en ordre dans nos têtes, en ces périodes où lois et attitudes se contredisent et s'entrechoquent... Quelques rappels sur...
... la concentration
La concentration est l'art de s'isoler des influences extérieures en fixant son attention sur quelque chose, une personne ou un objet, afin d'empêcher son esprit de vagabonder.
voir Je médite, tu pries, il concentre
Parmi les innombrables idées peuplant notre esprit, il ne faut retenir que celles qui sont, d'une manière ou d'une autre, associées à l'objet choisi, pour que la vision de ce dernier soit la plus claire et la plus complète possible.
Nous sommes bien loin de l'élève qui, la tête entre les mains, tente de s'enfoncer dans le crâne les verbes irréguliers, ou du chef de bureau que la « concentration » a rendu encore plus irritable !
La concentration n'est pas synonyme d'effort violent, rage ou tension, c'est le résultat de l'attention, de la persévérance et de la maîtrise de soi.
Un peu de solitude est également souhaitable si nous voulons suivre la voie de la concentration intérieure.
Au cours d'une journée, nous accomplissons un grand nombre d'actions automatiquement, en pensant à autre chose : nous les privons de la force que la concentration mentale pourrait leur conférer.
voir La visualisation ? C'est...
voir aussi Ujjayi
ou encore De Relax à Nidrâ
- À titre d'exercice, lisez, plusieurs fois, un passage compliqué avec la ferme intention de pénétrer totalement sa signification la plus profonde.
La première lecture doit se faire lentement, mais sans intention de comprendre (si vous comprenez, tant mieux !), de manière fluide, sans vous arrêter sur les mots difficiles.
Relisez le texte en vous imposant cette fois une concentration absolue, jusqu'à ce que vous atteignez un degré de compréhension satisfaisant, au bout de plusieurs relectures s'il le faut.
Vous noterez que, petit à petit, le sens du passage vous semblera plus clair et vous découvrirez des détails et d'éventuelles significations symboliques qui vous avaient échappé à la première lecture, superficielle.
- Habituez-vous à ce passe-temps insolite qui, mieux que les mots-croisés, saura animer une attente ennuyeuse ou un voyage solitaire.
Fixez votre attention sur les objets et surtout sur les personnes qui vous entourent, en cherchant, grâce à une observation minutieuse, à comprendre également leur aspect le plus obscur.
voir Pré... méditation
... la méditation
- Commencez par tordre le cou à ces...
- Puis respectez ce principe de base :
Les deux tableaux ci-dessus sont tirés de vidéos de https://instantmeditation.net/acces-videos-gratuites/
Voir Micro-méditation
Le Koan
Le Zen *, antique philosophie japonaise qui tend à la réalisation du Moi par certaines techniques spécifiques, prévoit un exercice de concentration très utile : la pratique du Koan.
Koan (mot japonais), à l'origine, désignait un document officiel. En fait, c'est une sorte de problème paradoxal qu'un élève doit résoudre à la demande de son maître.
voir Le nœud gordien
Instauré en Chine au XIIe siècle, le Koan fut appliqué en complémentarité à la méditation silencieuse, afin d'accéder à l'Éveil soudain et parfait.
Proposé par le maître au disciple, le Koan consiste habituellement en dilemmes apparemment insolubles, du moins par le jugement, et que seule la concentration mentale, renforcée par une préparation physique rigoureuse, permet de résoudre.
voir Hyperventilations et méditation dynamique Osho
voir aussi Les respirations du Forgeron
L'impossible escalier ?
Par exemple, brandissant un bâton, le maître dit :
« Si vous avez un bâton, je vous en donnerai un ;
si vous n'en avez pas, je vous l'ôterai. »
L'élève n'a plus qu'à résoudre cette étonnante énigme. De cette manière, il finira par dépasser ses habituelles façons de réfléchir au fur et à mesure qu'évoluera la complexité des Koan.
Pour en savoir plus : Qu'est-ce qu'un Kôan ?
Sources : textes d'après Le Voyage astral (pp 56-66) et Guide pratique du Bouddhisme
Poursuivons avec des extraits du site GOSHIN BUDOKAI
Comment aborder les koan
« Le koan n’est pas un problème à résoudre dans un temps imparti. C’est une sorte d’énigme irrationnelle que l’on installe dans son esprit et que l’on va laisser mûrir jusqu’à l’apparition de l’évidence. Le raisonnement logique est banni ou très marginal ; il conduit à des lieux communs ou des impasses. Abordons les mots avec prudence, pensons plutôt à des associations d’idées ou des symboles.
Pour rester dans un registre connu, rappelons-nous les figures de rhétorique : métaphores, comparaisons et images. Le koan n’utilise pas nécessairement les mêmes procédés, cependant, à l’instar de ces fleurs de rhétorique, les mots, les constructions grammaticales peuvent prendre des significations particulières et surtout refléter l’esprit du locuteur. Si en français, les mots, les expressions ne sont pas toujours à saisir dans leur sens littéral, dans les koan c’est permanent. Notre esprit doit toujours se situer au-delà du mot. De la même manière, évitons de prendre les gestes au premier degré. Exemples :-
Une main qui s’abaisse paume vers le bas peut, selon le contexte, communiquer diverses idées : parlez plus bas, asseyez-vous, calmez-vous ou un tassement, un abaissement, une perte.
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Quand un écolier lève le doigt vers le ciel, ce n’est pas pour estimer la température ambiante ou montrer quelque chose ; en général son geste signifie : « Je veux répondre. »
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« Je suis le chef et je veux parler ! » Telle est la signification du numéro d’équilibriste d’Abraracourcix sur son instable bouclier.
Sortons des sentiers battus, laissons-nous porter par notre imagination et ne cherchons surtout pas à retrouver un équivalent à nos connaissances antérieures. Le koan doit engendrer l’éclosion spontanée d’une merveilleuse fleur inconnue. »
Choix de koan
« Puisqu’il nous fallait opérer une sélection, nous avons retenu les koan traditionnels les plus usités et pour des raisons de place avons éliminé les dialogues (mondo) trop longs.
« Qu’est-ce que le Bouddha ? » demande le moine à son maître zen.
« Une spatule à merde ! » répond le maître.Les ignares se délectent du faux clinquant et de la nouveauté.
Les gens cultivés trouvent leur plaisir dans l'ordinaire.L'homme regarde la fleur, la fleur sourit.
Recherchez la liberté et vous deviendrez esclave de vos désirs.
Recherchez la discipline et vous trouverez la liberté.Quand un homme ordinaire atteint le savoir, il est sage.
Quand un sage atteint la compréhension, il est un homme ordinaire.La voie est sous vos pieds.
Le bambou existe au-dessus et en dessous de son nœud.
En ultime analyse, toute chose n'est connue que parce que l'on veut croire la connaître.
La courbe ne peut inclure la ligne droite.
Maison pauvre, voie riche.
L'heure me regarde et je regarde l'heure.
La lumière existe dans l'obscurité ; ne voyez pas avec une vision obscure.
La haine seule fait des choix.
Pour savoir si l'eau d'un bol est chaude ou froide, il faut y mettre le doigt...
Il ne sert à rien de discuter.Un de gagné, un de perdu.
Jour après jour, c'est un bon jour.
À esprit libre, univers libre.
Un jour, Ma Tsu était en route vers quelque endroit, accompagné de Pai Chang, lorsqu’ils virent soudain un canard sauvage passer au-dessus d’eux.
Ma demanda : « Qu’est-ce ? » Pai répondit : « Un canard sauvage. »
Ma : « Où vole-t-il ? » Pai : « Il est déjà parti ! »
Sur ce, Ma saisit le nez de Pai Chang et le tord avec violence.
Pai crie de douleur : « Aïe ! »
Ma, aussitôt : « Comment peux-tu dire que le canard sauvage est parti ? »Non anxieux ici, non anxieux toute la vie.
Qui excelle au tir ne touche pas le centre de la cible.
J'éteins la lumière, où va-t-elle ?
Un moine demande un jour à Chao Chou : « Qui est Chao Chou ? »
Chao Chou répondit : « Porte Est, Porte Ouest, Porte Sud, Porte Nord !Une journée, une vie.
Le courant rapide n'a pas emporté la lune.
Zhaozhou demanda à Nanquan :
« Qu’est-ce que la Voie ? »
Nanquan répondit :
« L’esprit ordinaire est la Voie. »
Zhaozhou dit :
« Est-ce qu’elle va dans une direction particulière ? »
Nanquan :
« Si vous essayez d’aller dans sa direction, vous vous éloignez d’elle. »
Zhaozhou :
« Si on n’essaie pas, comment peut-on savoir que c’est la Voie ? »
Nanquan répliqua :
« La Voie ne répond pas du savoir ou du non-savoir. Savoir est une illusion, ne pas savoir est confusion. Si vous réalisez pleinement le Tao au-delà de tout doute vous atteignez le grand vide, vaste et illimité. Comment dans ce cas peut-on se tromper quant à la Voie ? »
En entendant cela, Zhaozhou fut subitement illuminé.Une illusion peut-elle exister ?
Les mains vides, je tiens une bêche.
Comme le sixième Patriarche était là, le vent commença à faire claquer l’oriflamme. Deux moines se mirent à discuter là-dessus.
L’un remarqua : « Regarde ! l’oriflamme bouge ! »
À quoi l’autre rétorqua : « Non ! c’est le vent qui bouge ! »
Ils discutèrent interminablement sans pouvoir toucher au vrai.
Brusquement, Hui Nêng mit fin à cette discussion stérile en disant :
« Ce n’est pas le vent qui bouge, non plus que l’oriflamme, Honorables Frères, ce sont vos esprits qui bougent ! »
Les deux moines restèrent cois. (Opposition intérieur/extérieur)Pour l’homme ordinaire, les rivières sont des rivières et les montagnes sont des montagnes. Lorsque vous pratiquez le zen les rivières ne sont plus des rivières et les montagnes ne sont plus des montagnes. Lorsque vous atteignez l’illumination les rivières redeviennent des rivières et les montagnes redeviennent des montagnes. Au-delà cela n’a plus d’importance.
Lorsqu'il n'y a plus rien à faire, que faites-vous ?
Ce qui te manque, cherche-le dans ce que tu as.
Ne regardez pas les choses ordinaires de manière ordinaire. (Dōgen) »
Portrait de Dōgen (Wikipédia)Vous pouvez poursuivre sur GOSHIN BUDOKAI !
Ce site parle ensuite des Haïku, ces petits poèmes japonais. Je vous donne rendez-vous bientôt avec eux !
En voici un en attendant...
Balade sur la lande
Appuyé sur le coude
L'odeur du soleil dans l'herbe
(Otsuji)
Alors, conseils pour la route...
- Intégrez la pratique du Koan à vos bonnes habitudes, en vous concentrant sur vos problèmes psychologiques, sur vos dilemmes quotidiens ou sur les questions métaphysiques que vous vous posez tous tôt ou tard, au cours de votre existence.
Non seulement vous parviendrez à résoudre un problème en apparence insondable, mais vous enregistrerez un développement incontestable de votre conscience et de vos capacités de chercheur de l'occulte.
voir
* Zen
voir
Julien Tondriau et Joseph Devondel
Avant de nous quitter, il faut dire que point n'est besoin d'être vieux pour poser des questions dignes d'un Koan !
Ainsi, mon frère, âgé à l'époque de 4 ou 5 ans, avait demandé à mon père pourquoi il n'y avait pas de soleil à l'ombre (mais je n'ai jamais connu la réponse de mon père...).
L'un de mes fils, alors pré-adolescent, était tracassé par l'idée de créer une nouvelle couleur. Non pas un mélange, mais bien une couleur qui n'aurait jamais été « vue » auparavant...
Je vous laisse réfléchir sur ces considérations et vous souhaite une bonne quête de quiétude !
OM, Shanti !
Tags : koan, concentration, mot, Zen, méditation, Dogen
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